Dassault est prêt à produire 5 rafales par mois

Dassault Aviation s’apprête à franchir un cap historique dans la production du Rafale, son avion de chasse multi-rôle emblématique. Actuellement, le constructeur livre un peu plus de deux appareils par mois. L’objectif affiché est clair : atteindre un rythme de quatre unités mensuelles d’ici 2028, et peut-être même cinq si le besoin se confirme. Cette montée en puissance n’est pas un simple effet d’annonce. Elle est déjà amorcée dans les chaînes de production, notamment sur le site de Mérignac, en Gironde.
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Cette accélération s’inscrit dans un contexte international de plus en plus tendu. Le président Emmanuel Macron a récemment annoncé une hausse des commandes, notamment dans le cadre du réarmement stratégique de la France. D’autres pays, comme l’Inde, déjà cliente historique, ou le Portugal, pourraient également venir grossir la liste des acheteurs potentiels.

Une réponse directe aux enjeux géopolitiques

Le renforcement des tensions internationales, notamment en Europe de l’Est, pousse les pays membres de l’OTAN à repenser leurs capacités de défense. La France entend jouer un rôle central, et cela passe par une augmentation des moyens de dissuasion, dont le Rafale est un des piliers. Ce n’est pas un hasard si Emmanuel Macron a choisi la base de Luxeuil pour faire ses annonces : c’est là que seront basés deux nouveaux escadrons dédiés à la composante nucléaire aéroportée.

Le Rafale, dans cette configuration, n’est pas un simple appareil militaire. C’est l’outil principal de la dissuasion nucléaire française, successeur direct du Mirage IV. Une mission à la fois stratégique et symbolique.

Dassault ne part pas de zéro. En 2020, la cadence de production était d’un avion par mois. En 2024, 21 appareils ont été livrés, soit une moyenne proche de deux par mois. Aujourd’hui, les lignes sont passées à un rythme de trois unités mensuelles. Cette capacité d’adaptation est le fruit d’une organisation industrielle renforcée dès les premières annonces sur “l’économie de guerre”.

Eric Trappier, PDG du groupe, l’affirme : « Nous avons anticipé ». Le site de Mérignac reste le cœur de la production, sans qu’une nouvelle usine ne soit envisagée. En revanche, la montée en cadence se fera en mobilisant davantage de personnel et en optimisant les infrastructures existantes, notamment le hangar dédié au Rafale.

Fabriquer un Rafale, c’est mobiliser plus de 400 entreprises réparties dans toute la France. Près de 30 000 pièces sont nécessaires pour chaque avion, ainsi que 25 kilomètres de câbles. Parmi les partenaires de Dassault, Safran s’occupe des moteurs et Thales des systèmes électroniques embarqués. C’est donc toute une filière technologique française qui profite de cette montée en puissance.

Environ 3000 personnes travaillent déjà directement à la fabrication du Rafale. Ce chiffre pourrait croître dans les années à venir si l’objectif des cinq appareils mensuels se confirme. Car accélérer la cadence, c’est aussi créer des emplois qualifiés dans un secteur stratégique.

Vers une autonomie stratégique européenne ?

Au-delà de la France, la question de l’autonomie de l’Europe en matière de défense revient avec insistance. Les récentes tensions commerciales avec les États-Unis, notamment les droits de douane sur certains composants, compliquent les chaînes d’approvisionnement. Pour Éric Trappier, il est temps de penser à une préférence européenne dans les achats militaires, à condition de s’appuyer sur les compétences existantes, et non sur une structure unique comme un hypothétique « Airbus de la défense ».

Ce modèle coopératif, basé sur l’expertise nationale mise en réseau, permettrait à l’Europe de ne plus dépendre systématiquement de Washington, surtout dans un contexte où l’avenir politique américain reste incertain. Certains pays hésitent déjà à s’engager sur le F-35, craignant des changements de cap brutaux selon l’administration en place.

Avec un coût unitaire oscillant entre 70 et 100 millions d’euros, le Rafale est bien plus qu’un simple avion de chasse. Il incarne la souveraineté militaire française, la capacité à mener des opérations aériennes complexes sans dépendre d’un autre pays. Sa polyvalence, sa robustesse et sa fiabilité ont conquis plusieurs armées étrangères, et sa popularité ne cesse de croître.

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