Violences à l’école, le nouveau plan du gouvernement

Après les révélations choquantes autour de l’établissement privé Notre-Dame de Bétharram, accusé d’avoir couvert des faits de violences physiques et sexuelles pendant des années, le gouvernement réagit. La ministre de l’Éducation nationale, Élisabeth Borne, a annoncé un plan d’action national pour mieux détecter, traiter et prévenir les violences dans les établissements scolaires, publics comme privés.
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Baptisé « Brisons le silence, agissons ensemble », ce plan vise à changer profondément la gestion des violences scolaires, à commencer par une remontée obligatoire des faits, un meilleur accompagnement des élèves victimes et un renforcement des contrôles, notamment dans le privé.

Une application pour signaler les violences, enfin généralisée

Depuis 2016, l’Éducation nationale dispose d’un outil numérique baptisé « Faits établissement », permettant de déclarer anonymement des faits de harcèlement, d’agression ou d’atteintes à la sécurité dans les établissements publics. Jusqu’à présent, les établissements privés sous contrat n’étaient pas contraints de l’utiliser.

Ce sera désormais obligatoire dès la rentrée 2025. Un décret en préparation rendra l’usage de cette plateforme systématique dans tous les établissements concernés. Chaque chef d’établissement devra y consigner les faits graves, qui seront immédiatement remontés au rectorat, voire au ministère si leur gravité l’exige.

Trois niveaux de gravité sont définis dans l’application : préoccupant, grave et extrême gravité. Ces données permettront à l’administration centrale de mieux évaluer les zones à risques, et de déployer des actions ciblées sur le long terme.

Un affichage obligatoire du 119 dans tous les établissements

Pour encourager les élèves à parler, le gouvernement impose l’affichage visible du numéro 119, la ligne d’appel pour les enfants en danger, dans toutes les écoles, collèges, lycées et internats. Cette mesure s’accompagne d’un document officiel distribué à l’ensemble du personnel scolaire, rappelant les obligations légales en matière de signalement.

Des questionnaires anonymes pour libérer la parole

L’une des nouveautés du plan consiste à mettre en place des questionnaires anonymes réguliers à destination des élèves. Chaque trimestre, ceux qui résident en internat ou participent à des voyages scolaires avec nuitée recevront un formulaire confidentiel, leur permettant de signaler des faits de maltraitance ou d’inconfort.

En cas d’alerte dans les réponses, des interventions de psychologues, travailleurs sociaux ou médecins scolaires seront immédiatement organisées. Cette démarche vise à détecter les violences qui ne sont pas toujours visibles et à protéger les élèves les plus vulnérables.

Une phase de test dans certains établissements est prévue avant une généralisation complète à la rentrée 2025, tant dans le public que dans le privé.

Plus d’inspecteurs pour plus de contrôles

Jusqu’à récemment, les établissements privés sous contrat échappaient à certains contrôles approfondis, contrairement au public. Le ministère annonce l’arrivée de 60 inspecteurs supplémentaires sur deux ans, dédiés uniquement à ces missions dans les établissements privés. Leur rôle ne sera plus uniquement pédagogique, mais aussi centré sur le climat scolaire, la gestion des incidents et le respect des protocoles de prévention.

L’objectif est clair : inspecter 40 % des établissements privés sous contrat d’ici deux ans, dont la moitié via des visites physiques. Ce renforcement vise à mettre fin à l’opacité de certains établissements, accusés d’avoir gardé le silence sur des affaires graves pendant trop longtemps.

Un message fort adressé à l’ensemble du système éducatif

Le plan ne cache pas son ambition : faire évoluer la culture du silence dans certaines écoles vers une culture de la vigilance et du signalement. Il est aussi une réponse directe aux critiques sur le manque de transparence et de réactivité dans la gestion des violences scolaires.

Certains y voient une mise sous surveillance des écoles catholiques, historiquement sous contrat avec l’État mais indépendantes dans leur fonctionnement quotidien. Le gouvernement insiste sur le fait que tous les établissements, publics ou privés, sont concernés par le plan.

La publication du plan a immédiatement fait réagir les associations de parents d’élèves, les collectifs de victimes et les syndicats enseignants. Beaucoup saluent un effort clair du ministère pour faire bouger les lignes. D’autres regrettent une approche trop centrée sur le privé, laissant de côté les problèmes structurels du public, notamment dans certains collèges ou lycées confrontés à une violence quotidienne.

Des députés, comme Claude Lelièvre, historien de l’éducation, rappellent que les abus n’ont pas de camp : ils existent dans le public comme dans le privé. Pour certains enseignants de terrain, l’essentiel reste de ne pas traiter ces questions uniquement en réaction à des scandales médiatiques, mais de mettre en place une politique durable.

Un #MeToo scolaire en marche ?

Pour Élisabeth Borne, ce plan incarne une nouvelle ère, où l’on ne tolère plus les non-dits, les complicités passives ou les dispositifs d’écoute inefficaces. « On vit une forme de #MeToo scolaire, la parole se libère, mais il faut aller la chercher », a-t-elle affirmé dans les médias.

Le plan « Brisons le silence, agissons ensemble » veut redonner confiance aux élèves, aux familles, mais aussi aux enseignants, qui manquent parfois d’outils pour réagir. Il envoie aussi un signal fort à tous les établissements : la lutte contre les violences ne se joue plus en coulisses, elle se construit désormais au grand jour.

Lire aussi : une institutrice de CP visée par plusieurs plaintes pour violences sur des élèves

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