En moins de 24 heures, Mahyar Monshipour, ex-champion du monde de boxe et figure engagée, lui répondait de manière virulente. Pour le boxeur franco-iranien, autoriser le port du voile dans le sport revient à accepter l’intrusion du religieux dans un espace censé être neutre et libérateur.
Teddy Riner : un appel à l’inclusion
Dimanche 23 mars, Teddy Riner a pris position sur un sujet aussi sensible que clivant. Selon lui, cette proposition de loi est une perte de temps, un écran de fumée, et il faut plutôt penser en termes d’égalité des chances que de stigmatisation. Il appelle à éviter les polémiques inutiles : « En France, on se focalise sur des détails et on allume des feux là où il ne faut pas. »
Le judoka fait entendre une voix apaisante, fidèle à son image de sportif rassemblant au-delà des clivages. Pour lui, le sport doit rester un lieu de rassemblement, pas de division.
Mahyar Monshipour : une réponse frontale et personnelle
Le lendemain, Mahyar Monshipour est invité à réagir. Et il ne mâche pas ses mots. À la radio, il attaque frontalement Teddy Riner : « Teddy, tu ne connais pas le sujet, ne t’en mêle pas. Ferme-la et parle de ce que tu connais. » Ce ton brutal tranche avec l’accoutumée politesse entre sportifs de haut niveau. Mais Monshipour revendique une expérience de vie différente, celle d’un homme né à Téhéran, élevé dans une République islamique, et exilé en France pour fuir ce qu’il considère comme une oppression.
Pour lui, autoriser le voile dans le sport n’est pas un choix neutre. C’est une manière, dit-il, de normaliser une idéologie religieuse.
Le voile n’est pas un simple tissu, c’est un symbole de contrôle sur les femmes. Permettre son port dans le sport, c’est tuer leur liberté.
Le sport, territoire neutre ou reflet des tensions sociales ?
Le cœur du débat repose ici : le sport doit-il rester en dehors des revendications religieuses ? Pour Monshipour, c’est oui. Il refuse l’idée que les terrains de sport deviennent des champs d’expression religieuse ou politique. Il rappelle des faits qu’il considère alarmants, comme la fermeture d’une salle de boxe à Montauban après des pressions religieuses sur la tenue des femmes.
À l’inverse, Teddy Riner voit dans ces mesures une atteinte à la liberté individuelle. Pour lui, c’est à chaque femme de choisir. Le judo, sport qu’il pratique, est codifié et neutre, mais il pense que d’autres disciplines pourraient s’adapter tant que la sécurité n’est pas en jeu.
Dans cette affaire, les deux athlètes partagent des valeurs… mais pas les mêmes définitions. Monshipour défend une laïcité stricte, sans compromis. Pour lui, aucune expression religieuse ne devrait s’inviter dans l’espace sportif. Il voit dans le port du voile une stratégie politique masquée, un « entrisme islamiste » selon ses mots.
De son côté, Teddy Riner mise sur la fraternité et la tolérance, quitte à choquer certains. Il ne voit pas dans le voile une menace, mais une expression personnelle. Son message : restons concentrés sur les vrais enjeux et n’utilisons pas le sport comme un champ de bataille idéologique.
Les réactions ne se sont pas fait attendre. Des responsables politiques comme Bruno Retailleau ont soutenu la position de Monshipour, estimant que le sport devait rester un sanctuaire. À l’inverse, d’autres membres du gouvernement ont rappelé que la laïcité ne signifie pas l’uniformité et que chaque cas doit être étudié avec nuance.
Face à l’ampleur de la polémique, Teddy Riner a publié un message apaisant, rappelant que son engagement est avant tout centré sur le sport. Il refuse toute récupération politique de ses propos et insiste sur son attachement aux valeurs de respect, d’inclusion et de fraternité.
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