Moins d’étudiants, plus de concurrence : l’enseignement supérieur s’adapte

Alors que la population étudiante va diminuer en France dans les prochaines années, le monde de l’enseignement supérieur entre dans une nouvelle ère. Universités, écoles publiques et privées doivent repenser leur modèle, leur offre de formation et même leur manière d’attirer des étudiants. Entre crise démographique, concurrence accrue et pression économique, le secteur se transforme rapidement.
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Un choc démographique annoncé

Les experts sont formels : à partir de 2030, la France comptera moins d’étudiants dans l’enseignement supérieur. Cette baisse résulte du recul du nombre de naissances depuis les années 2000. Plusieurs établissements ont déjà anticipé ce tournant.

Dans certaines académies, les projections montrent une baisse des effectifs pouvant atteindre -10% d’ici 2035. Cela change tout : jusqu’ici, les établissements géraient l’afflux massif d’étudiants. Désormais, ils entrent dans une logique inverse : faire face à la concurrence pour maintenir leurs effectifs et ressources.

« La question de la baisse du nombre d’étudiants se pose dès aujourd’hui », explique un président d’université. « Il faut anticiper notre organisation pour éviter une crise structurelle. »

La concurrence s’intensifie

Premier effet de cette transition : les universités publiques et les écoles privées vont se livrer une concurrence beaucoup plus forte. Le privé gagne déjà du terrain en France. Selon les données officielles, il accueille désormais plus d’un étudiant sur quatre. En dix ans, ses effectifs ont bondi de +67%, tandis que le public progresse beaucoup moins vite.

Cette dynamique s’explique par une forte demande de formations professionnalisantes et un encadrement souvent jugé meilleur. Mais avec la baisse démographique, tous les établissements devront redoubler d’efforts pour attirer des étudiants, fidéliser leurs publics et prouver leur valeur.

Un modèle de formation à réinventer

La baisse du nombre d’étudiants pose une question de fond : faut-il revoir le modèle actuel de l’enseignement supérieur ? Beaucoup parlent d’une transition vers la qualité plutôt que la quantité. Le système Licence-Master-Doctorat (LMD), massifié depuis 20 ans, montre ses limites.

Vers des formations plus spécialisées et plus efficaces

La demande des entreprises change. Elles cherchent des profils opérationnels, capables d’être rapidement efficaces sur le terrain. Résultat : les formations généralistes sont moins valorisées qu’hier, tandis que montent en puissance :

  • les formations professionnalisantes
  • les doubles licences
  • les parcours hybrides (management + numérique, droit + informatique, etc.)
  • les formations courtes compatibles avec l’alternance

Certaines universités ferment déjà des filières peu attractives et réorientent leurs moyens vers des formations d’avenir comme l’ingénierie verte, la cybersécurité ou la santé numérique.

Recruter autrement pour survivre

Face à la baisse de la population étudiante, les établissements veulent élargir leur recrutement. L’objectif : toucher de nouveaux publics.

Des profils plus variés

Plusieurs pistes se développent :

  • séduire des étudiants internationaux
  • attirer des profils en reconversion
  • créer des passerelles pour les étudiants sans parcours scientifique vers les écoles d’ingénieurs
  • renforcer les dispositifs d’égalité des chances

Cette stratégie permet de maintenir des effectifs et de nourrir une mixité académique bénéfique pour les campus.

Un secteur fragilisé économiquement

La transformation n’est pas que pédagogique. Elle est aussi financière. Les universités publiques dénoncent un sous-financement chronique. Certaines peinent déjà à maintenir leurs moyens. Plusieurs présidents d’université alertent sur des risques de fermetures de filières et de détérioration de la qualité d’enseignement.

« Nos dotations ne suivent pas l’inflation. Nos coûts explosent mais les budgets stagnent », alerte un dirigeant d’université.

Résultat : salles surchargées, manque d’encadrement, matériel vieillissant, retards de rénovation… tout cela pèse sur les conditions d’études.

Le recrutement des enseignants-chercheurs en danger

Autre bombe à retardement : les départs massifs à la retraite dans le corps enseignant. D’ici 2030, le nombre de départs pourrait augmenter de près de 50%. Sans nouveaux recrutements, la qualité de l’enseignement et de la recherche serait menacée.

Mais recruter coûte cher, surtout dans un contexte budgétaire tendu. Certains établissements se tournent vers des profils internationaux ou misent sur le doctorat pour renouveler leurs équipes.

Des pistes pour rebondir

Malgré ces défis, l’enseignement supérieur ne manque pas de solutions :

  • développer l’alternance pour renforcer l’employabilité
  • moderniser la pédagogie grâce au numérique
  • créer des partenariats avec les entreprises locales
  • ouvrir des campus plus proches des territoires
  • valoriser les compétences plus que les diplômes

L’enseignement supérieur face à un tournant historique

La baisse du nombre d’étudiants oblige les établissements à faire preuve de créativité. Ceux qui s’adapteront auront une longueur d’avance. Les autres risquent de décrocher. Dans ce nouveau paysage, l’attractivité, la qualité de l’accompagnement et l’employabilité deviennent des critères décisifs.

Le modèle d’hier n’est plus tenable. Celui de demain est déjà en construction.

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