Koba LaD présenté à un juge dans l’affaire Mohamed Amra

Koba LaD, Marcel Junior Loutarila, est une nouvelle fois au centre de l’actualité judiciaire. Déjà incarcéré dans une affaire distincte, il est désormais présenté à un juge d’instruction à Paris dans le cadre de l’enquête sur l’évasion ultra-violente de Mohamed Amra, survenue en mai 2024.
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Le nom du rappeur n’a cessé de revenir dans cette affaire depuis plusieurs mois, notamment en raison de ses liens supposés avec la Black Manjak Family (BMF), un groupe décrit par les enquêteurs comme une potentielle organisation criminelle opérant entre l’Île-de-France et l’Eure.

Une évasion meurtrière qui a choqué la France

Le 14 mai 2024, Mohamed Amra, trafiquant de drogue multirécidiviste surnommé La Mouche, parvenait à s’échapper lors de son transfert au péage d’Incarville. Deux agents pénitentiaires ont été tués, trois autres blessés. L’attaque était d’une rare violence, avec l’utilisation de fusils d’assaut et de véhicules-béliers. Un véritable commando organisé.

Après neuf mois de cavale, Amra est finalement arrêté en Roumanie en février 2025, puis extradé vers la France et placé en détention à l’isolement.

Les enquêteurs s’intéressent de près à la proximité entre Koba LaD et Mohamed Amra. Les deux hommes se seraient croisés à la maison d’arrêt de la Santé en décembre 2022, voire partagé la même cellule. À cette période, Koba LaD était incarcéré pour une bagarre violente dans une boîte de nuit parisienne, tandis qu’Amra faisait face à des accusations de complicité d’assassinat et de séquestration en bande organisée.

Le rappeur nie toute implication directe dans l’évasion de mai 2024. Pourtant, il est soupçonné d’avoir été mis au courant du projet ou d’avoir apporté un soutien logistique ou financier à travers ses entreprises, notamment BMF Agency et BFM Entertainment Corp, deux sociétés où apparaissent des noms de personnes aujourd’hui mises en examen.

Un téléphone clandestin au cœur de l’enquête

Pendant sa détention, les enquêteurs ont sonorisé la cellule de Koba LaD. Ils ne cherchaient pas des morceaux de rap inédits, mais des échanges avec des membres de la BMF. Le téléphone clandestin retrouvé dans sa cellule a été saisi et fait actuellement l’objet d’une analyse approfondie, à la recherche de messages compromettants ou de preuves d’une implication plus profonde.

Ces écoutes ont permis aux policiers de mieux cerner le réseau de relations du rappeur et de mieux comprendre les circuits financiers liés à ses sociétés.

L’activité économique de Koba LaD intrigue les enquêteurs. Il préside BMF Agency, une société d’événementiel et de gestion d’artistes, et dirige également BFM Entertainment Corp, dans le domaine de la production audiovisuelle. Le nom même de ces entités alimente les suspicions : référence directe à la Black Manjak Family ?

Son associé dans BMF Agency, Hervé M., est déjà mis en examen et écroué dans cette affaire. Les enquêteurs s’interrogent : pourquoi des hausses de salaires régulières pour cet homme ? Quel rôle exact jouait-il dans l’entreprise ? Et surtout, quelles étaient les vraies sources de revenus de ces structures ?

Après 96 heures de garde à vue, Koba LaD est déféré ce vendredi au tribunal judiciaire de Paris. Il pourrait être mis en examen dans les heures qui viennent. À ses côtés, six autres personnes sont également présentées à la justice, dont un mineur et deux individus soupçonnés d’avoir aidé Amra à fuir vers la Roumanie. L’un d’eux est un ressortissant albanais, l’autre un complice français.

Dans l’appartement où Amra avait trouvé refuge, les policiers roumains ont mis la main sur de faux papiers et une grosse somme en liquide.

Un passé judiciaire déjà chargé

Koba LaD n’en est pas à sa première affaire. Il est actuellement en détention provisoire dans une autre procédure : il doit être jugé pour homicide involontaire aggravé, après la mort d’un de ses passagers dans un accident de voiture survenu en septembre 2024 à Créteil. En janvier, il a aussi été condamné à 15 mois de prison pour des violences sur son ex-manager, qu’il accuse d’escroquerie.

Depuis le début de cette affaire, plus de 28 personnes ont été mises en examen. Certains sont soupçonnés d’avoir fait partie du commando : des guetteurs, des conducteurs, des logisticiens. La piste suivie par la police explore un réseau très organisé, mêlant trafics, faux papiers, financement parallèle et protection de figures influentes.

Le rôle de Koba LaD reste flou, mais son nom s’ajoute à une liste de plus en plus longue, dans une enquête qui mêle musique, criminalité et stratégie judiciaire. Pour les jeunes qui suivent son parcours depuis ses débuts, c’est un nouveau chapitre bien sombre dans l’histoire d’un artiste dont le destin semblait tout tracé, mais qui s’écrit aujourd’hui entre scène, cellule et tribunal.

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