La France va indemniser 6000 harkis supplémentaires

Le gouvernement français a récemment validé une nouvelle mesure : 6 000 harkis supplémentaires vont pouvoir bénéficier d’une indemnisation pour les conditions de vie inhumaines qu’ils ont subies après la guerre d’Algérie. Cette annonce, officialisée le 29 avril 2025, marque une avancée dans le travail de mémoire entamé ces dernières années.
france harkis

Qui sont les harkis ?

Les harkis sont des anciens auxiliaires musulmans de l’armée française durant la guerre d’indépendance algérienne (1954-1962). À la fin du conflit, beaucoup d’entre eux ont été considérés comme des traîtres par l’Algérie indépendante. En réponse, plusieurs milliers ont trouvé refuge en France, où ils ont été installés dans des camps de fortune, des hameaux forestiers, ou des cités insalubres.

Ce séjour dans ces lieux a été vécu comme un exil forcé, marqué par la ségrégation, la pauvreté et la marginalisation.

37 nouveaux sites reconnus

Dans son dernier rapport, la Commission nationale indépendante de reconnaissance et de réparation des préjudices subis par les harkis (CNIH) a proposé d’intégrer 37 nouveaux lieux de vie à la liste des structures ouvrant droit à une indemnisation.

Ces sites ne sont pas uniquement des camps. Il s’agit aussi de bidonvilles, cités Sonacotra, ou même quartiers précis identifiés par la forte concentration de familles harkies et par la précarité des conditions de vie.

Marc Del Grande, secrétaire général de la commission, précise que les critères de sélection sont très clairs : présence majoritaire de harkis, insalubrité manifeste, séparation spatiale, et discrimination scolaire.

Une avancée jugée insuffisante par les associations

Malgré cette extension, les collectifs harkis estiment que la réparation reste partielle. Pour Kader Mokhtari, membre actif du collectif Justice pour les harkis, de nombreuses victimes sont encore exclues du dispositif. Il alerte aussi sur le montant des indemnisations, jugé trop faible face à l’ampleur des souffrances subies pendant des années.

Le cadre juridique : la loi de 2022

Depuis 2022, une loi permet aux harkis ayant séjourné dans des structures d’accueil entre 1962 et 1975 de demander une réparation financière. Cette loi a été saluée à sa sortie comme un acte fort de reconnaissance de l’État.

Depuis, plus de 27 000 dossiers ont été examinés, représentant un montant de 176 millions d’euros versé aux victimes ou à leurs descendants.

Une histoire encore en chantier

Cette actualité s’inscrit dans un contexte mémoriel complexe, notamment autour du camp de Rivesaltes, tristement célèbre pour avoir accueilli des milliers de harkis entre 1962 et 1965. Selon les archives, au moins 146 personnes y seraient mortes, dont une soixantaine sur place.

Un travail archéologique a été mené par l’INRAP en 2024, permettant d’identifier un cimetière oublié grâce à des piquets de tombes et des plaques numérotées. Des familles ont pu, pour la première fois, se rendre sur les lieux et se recueillir.

Quatre caisses contenant des milliers d’ossements ont été retrouvées dans un cimetière communal, probablement déplacées dans les années 1980 sans informer les familles. Les autorités évoquent une forte présomption sur leur origine harkie, mais des analyses supplémentaires sont encore nécessaires pour valider cette hypothèse.

Patricia Miralles, ministre déléguée à la Mémoire, a reconnu le manque de clarté autour de ce transfert et affirmé que le travail historique devait continuer.

Un besoin constant de reconnaissance

Malgré les avancées juridiques, les familles de harkis réclament toujours davantage de justice. L’indemnisation est une étape importante, mais la reconnaissance morale, le respect des sépultures, et la réhabilitation dans l’histoire nationale restent au cœur de leurs revendications.

La mémoire des harkis continue de peser lourd dans les relations franco-algériennes, mais aussi dans le rapport de la France à son passé colonial.

L’extension de l’indemnisation à 6 000 nouvelles personnes est une réponse attendue, mais insuffisante pour beaucoup. Elle montre toutefois une volonté politique de reconnaître les torts du passé et de les réparer, pas uniquement par des mots, mais aussi par des actes concrets.

Lire aussi : l’accord Franco-Algérien de 1968

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