Alors que les manchots, otaries, tortues ou poissons ont trouvé refuge en Espagne, en Chine ou ailleurs, les cétacés restent coincés, faute de solution adaptée à leur espèce. Les vidéos captées récemment par des drones montrent des bassins recouverts d’algues vertes, une eau trouble, et des mammifères marins désorientés.
Un cadre juridique flou et un avenir incertain
Depuis la loi de 2021 interdisant les spectacles de cétacés et leur reproduction en captivité, les structures comme Marineland n’ont plus vocation à exister sous leur ancienne forme. Mais aucune solution concrète n’a été mise en place pour organiser la transition. Résultat : les animaux sont maintenus en captivité, sans perspective ni plan de transfert clair.
Les orques et les dauphins présents sont nés en captivité, ce qui rend leur remise en liberté impossible. L’option des sanctuaires marins, plébiscitée par les ONG, semble bloquée. Les projets en Grèce ou en Italie n’ont pas été retenus, et le gouvernement français comme Marineland n’ont pas encore acté de solution définitive.
Des associations mobilisées, mais sans réponse
Les défenseurs des animaux dénoncent un abandon progressif et silencieux des cétacés du parc. Plusieurs collectifs comme Tilikum’s Spirit ou C’est Assez! ont alerté l’État sur les risques sanitaires et psychologiques que représente cette inaction. Une vidéo diffusée en mai montre des orques inertes, flottant en surface, et des dauphins évoluant dans un bassin peu entretenu.
Le manque de nettoyage et d’activité constitue un danger pour leur santé : algues, agents pathogènes, isolement, ennui profond. Pour des animaux aussi intelligents et sociaux, l’absence de stimulation est vécue comme une souffrance invisible, mais réelle.
Le coût d’un statu quo dangereux
Selon la direction du parc, le maintien de deux orques coûte environ 3 millions d’euros par an. Une charge difficile à assumer depuis la fermeture du site au public. Pourtant, malgré les discussions engagées avec certains pays, aucune avancée concrète n’est annoncée.
Les propositions de transfert par petits groupes, comme celles d’envoyer quelques dauphins vers un enclos marin en Italie, ont été rejetées. Marineland défend une solution globale : un seul et même lieu pour tous les cétacés. Mais cette exigence, jugée irréaliste par les militants, empêche tout progrès immédiat.
Une pression internationale qui grandit
Le cas de Marineland commence à faire parler au-delà des frontières. Des associations nord-américaines et européennes dénoncent une violation du bien-être animal, et appellent à une mobilisation politique rapide. Les dernières orques en captivité sur le sol français ne peuvent pas rester sans solution.
En parallèle, certains élus demandent des comptes au gouvernement. La sénatrice Mathilde Ollivier a interpellé la ministre de la Transition écologique sur l’absence de stratégie claire pour ces animaux. Elle réclame des discussions urgentes avec les ONG et partenaires internationaux pour enclencher un transfert sécurisé.
Le silence du ministère inquiète
Pour les militants, le plus grave aujourd’hui, c’est l’absence totale de réponse de la part de l’État. Le ministère ne communique plus, et les échanges avec Marineland semblent au point mort. Dans ce contexte, certains craignent que le parc conserve les animaux jusqu’à ce qu’ils meurent, faute de solution viable.
Le sort de Wikie, Keijo et des seize dauphins est devenu un symbole du vide politique qui entoure la fin des delphinariums en France. Les promesses de progrès ne suffisent plus, et l’urgence sanitaire comme éthique impose désormais des actes forts.
🇫🇷 🐋🐬 Deux orques et seize dauphins abandonnés à Marineland après sa fermeture.
— 75 Secondes 🗞️ (@75secondes) May 16, 2025
Des images captées par drone montrent Wikie, une orque de 23 ans, et son fils Keijo, 11 ans, enfermés dans des bassins dégradés.
« Les orques doivent être extraites d’urgence de ces conditions… pic.twitter.com/cUWMeY8dIc