Un coup de pouce pour retarder la retraite
À la veille de la clôture du conclave sur les retraites, François Bayrou a présenté une idée : une prime incitative destinée aux salariés proches de la retraite mais décidant de rester en poste. Il propose que ceux qui font ce choix puissent toucher une partie de leur retraite en parallèle de leur salaire. Ce serait donc un moyen de motiver les actifs à repousser leur départ tout en améliorant leur pouvoir d’achat.
Cette proposition vise plusieurs objectifs. D’abord, soulager le budget de l’État : retarder les départs permettrait de différer les versements complets des pensions. Ensuite, maintenir une main-d’œuvre expérimentée sur le marché du travail. François Bayrou parle d’un « encouragement à l’activité » qui serait bénéfique pour l’équilibre financier du système.
Le cumul emploi-retraite existe déjà en France. Il permet aux retraités d’exercer une activité rémunérée tout en continuant à percevoir leurs pensions. Mais la prime proposée par Bayrou fonctionnerait différemment : les seniors concernés ne liquideraient pas entièrement leurs droits. Ils recevraient uniquement une fraction de leur retraite en complément de leur salaire, ce qui inverserait la logique actuelle.
Pourquoi cibler les plus de 60 ans ?
Le taux d’emploi des personnes âgées de 60 à 64 ans reste faible en France, comparé à d’autres pays européens. Cette tranche d’âge est souvent confrontée à des difficultés de maintien dans l’emploi : discriminations, fatigue, pression des entreprises pour remplacer par des profils plus jeunes. En misant sur une prime, le gouvernement veut inverser cette tendance et redonner de l’attractivité au travail après 60 ans.
Ce système ne coûterait rien de plus aux employeurs. La prime serait versée par l’État, ce qui en fait une mesure attractive à la fois pour les salariés et les entreprises. En prolongeant l’activité, l’État retarde le paiement des pensions complètes, générant un effet positif sur les finances publiques à court terme.
Avant 2024, le régime Agirc-Arrco proposait déjà un bonus temporaire aux retraités qui décidaient de rester en emploi plus longtemps. La nouvelle proposition de François Bayrou reprend ce principe, mais l’élargit en permettant à des salariés encore actifs de toucher un complément financier sans être officiellement retraités.
Une proposition encore floue
À ce stade, le dispositif reste en discussion. Le Premier ministre a évoqué une idée en cours d’évaluation avec les partenaires sociaux. Aucune date de mise en place ni conditions d’âge précises n’ont été avancées. Le gouvernement laisse entendre qu’un accord est encore possible si les discussions se poursuivent dans les jours à venir.
La réception n’est pas unanime. Plusieurs syndicats ont exprimé leurs doutes, certains refusant toute mesure visant à retarder l’âge de départ. La principale critique : une telle prime pourrait détourner l’attention d’autres sujets comme la pénibilité au travail ou l’emploi des jeunes. Le climat reste tendu dans les négociations.