Trois chefs d’inculpation graves
La justice iranienne accuse Cécile Kohler et Jacques Paris de s’être livrés à des actes d’espionnage au profit du Mossad, le service de renseignement extérieur israélien. Ils sont également visés pour complot contre l’État et « corruption sur terre », une formule souvent utilisée dans les cas politiques les plus sensibles en Iran.
« Tout ce qu’on sait, c’est qu’ils ont vu un juge qui a confirmé ces trois chefs d’inculpation », a déclaré la sœur de Cécile Kohler.
Ces accusations, très graves, sont chacune passibles de la peine capitale selon le droit iranien. Aucun calendrier judiciaire n’a été annoncé pour le moment, et les deux Français n’ont toujours pas accès à un avocat indépendant.
Des conditions de détention alarmantes
Depuis leur arrestation le 7 mai 2022, au terme d’un voyage présenté comme touristique, ils sont enfermés dans des conditions qualifiées de « dégradantes » par leurs proches. Jusqu’à récemment, ils étaient détenus à la prison d’Evin, tristement célèbre à Téhéran.
Le 23 juin, cette prison a été touchée par une frappe attribuée à l’armée israélienne. Selon les autorités iraniennes, l’attaque aurait fait au moins 79 morts. La localisation actuelle des deux Français reste incertaine, mais le gouvernement français assure qu’ils n’ont pas été blessés.
« Ils sont retenus otages depuis trois ans dans des conditions indignes assimilables à de la torture », a dénoncé Jean-Noël Barrot, ministre des Affaires étrangères.
Une visite consulaire sous haute tension
Le 1er juillet, les deux détenus ont reçu la visite du chargé d’affaires français à Téhéran. Cette rencontre constitue leur tout premier contact physique avec un représentant de l’État français depuis plusieurs semaines. Pour les familles, cette visite était cruciale : elle fait suite à de nombreux appels pour obtenir une preuve de vie après la frappe sur la prison.
« Nous ignorons tout du sort de Cécile et Jacques, nous ignorons s’ils sont encore vivants », a alerté Noémie Kohler, la sœur de Cécile.
Une réaction politique mesurée mais ferme
Face à la situation, les autorités françaises ont exprimé leur inquiétude. Le ministre Jean-Noël Barrot a confirmé l’existence des inculpations, tout en rappelant que la France continuait à contester fermement leur bien-fondé.
« Ces motifs d’inculpation, s’ils sont confirmés, sont totalement infondés », a déclaré une source diplomatique française.
Appel à leur libération immédiate
Depuis leur arrestation, Paris demande de manière constante leur libération immédiate et inconditionnelle. Emmanuel Macron a réitéré cette exigence à plusieurs reprises, tout comme les équipes diplomatiques françaises, qui suivent de près le dossier.
Un contexte international tendu
Cette affaire s’inscrit dans un climat régional explosif, sur fond de tensions entre l’Iran et Israël, mais aussi de rapports difficiles entre l’Iran et plusieurs pays européens. Dans ce cadre, les arrestations de ressortissants étrangers sont souvent perçues comme des leviers de pression politique.
Cécile Kohler, 40 ans, est professeure de lettres dans l’est de la France. Jacques Paris, 72 ans, est son compagnon. Tous deux étaient venus en Iran dans un cadre privé, sans lien avéré avec une mission officielle.