Une majorité des jeunes en situation de multi-emploi
D’après une étude menée par ADP Research auprès de 38 000 travailleurs dans le monde, dont 1 000 en France, 82 % des jeunes âgés de 18 à 26 ans occupent plusieurs postes. Ce chiffre impressionnant souligne un changement structurel dans la manière dont les jeunes entrent sur le marché du travail.
La principale motivation évoquée est simple : payer les factures essentielles. Pour 41 % des répondants, ces emplois multiples permettent de couvrir le loyer, la nourriture ou encore les transports. D’autres y voient une façon d’épargner pour des projets futurs (33 %) ou de préparer leur retraite (32 %).
« La rémunération constitue la base du bien-être financier pour la majorité des travailleurs. Pourtant, nos données révèlent qu’un emploi, même stable, ne suffit pas à offrir une sécurité financière. » — Nela Richardson, cheffe économiste chez ADP.
Un effort souvent insuffisant
Malgré leur engagement sur plusieurs fronts, une grande partie de ces jeunes peine à atteindre un niveau de vie stable. À l’échelle mondiale, 59 % des salariés cumulant deux emplois déclarent avoir des difficultés à boucler leurs fins de mois. Ce chiffre grimpe à 61 % pour ceux ayant trois emplois ou plus.
Fatigue chronique, horaires instables, absence de temps libre… les conséquences du multi-emploi sont lourdes. Pour beaucoup, jongler entre plusieurs contrats signifie renoncer à une vie sociale, voire à des projets d’avenir. Le stress généré par l’incertitude financière devient une norme, au détriment de la santé mentale.
Le cas spécifique des jeunes en France
La France reste un pays où le cumul d’emplois est encore moins courant que dans d’autres régions du monde. Pourtant, chez les jeunes, cette pratique s’installe durablement. Elle concerne près de 3 jeunes sur 10 selon l’étude, contre 10 % chez les plus de 40 ans.
Pour les moins de 30 ans, le cumul ne relève pas toujours de la contrainte. Certains y voient aussi une stratégie : multiplier les expériences professionnelles (40 %), financer des études ou une reconversion (33 %). Mais ce choix stratégique reste conditionné par une économie qui ne leur laisse que peu d’alternatives.
Une jeunesse en quête de stabilité
Ce phénomène traduit un malaise plus profond : un marché du travail instable, où les jeunes peinent à trouver des CDI bien rémunérés. Ils alternent les statuts (freelance, intérim, CDD), les plateformes numériques, et cherchent la meilleure formule pour assurer leur quotidien.
Le cumul d’emplois pourrait s’imposer comme une norme pour la génération Z. Avec des attentes différentes, une capacité d’adaptation forte, mais aussi une lassitude croissante, les jeunes repensent leur rapport au travail. Ils veulent plus de flexibilité, mais réclament aussi plus de reconnaissance et de sécurité.