Base statistique évoquée : enquête nationale sur la sexualité, 31 518 répondantes et répondants (France, 2022–2023).
Que veut dire « masturbation : 82,9 % des femmes en 2023, 52,6 % en 1992 »
On parle ici d’une déclaration de pratique au cours de la vie : « s’être déjà masturbé·e au moins une fois ». Le chiffre met en évidence une banalisation de la masturbation féminine. En 1992, à peine plus d’une femme sur deux disait l’avoir déjà fait ; en 2023, c’est plus de huit sur dix. Chez les hommes, on passe de 92,4 % à 96,9 % : une progression plus faible, car le niveau était déjà très haut.
Attention, ces données ne mesurent pas la fréquence, la qualité de l’expérience ou les raisons de la pratique. Elles indiquent surtout un recul du tabou et une plus grande aisance à nommer ce qu’on fait.
Pourquoi une telle hausse
- Éducation au consentement : le cadre social valorise davantage l’accord explicite et l’auto-définition du désir. La masturbation devient un espace sûr pour explorer ses limites et ses envies.
- Numérique : tutos, contenus pédagogiques, sextech, influenceuses santé, forums… Le web normalise, informe et diversifie les pratiques.
- Visibilité féministe : discours plus centrés sur le plaisir et la charge mentale. Le couple n’est plus l’unique horizon du désir.
- Médical et bien-être : on parle davantage de douleurs, de lubrification, d’anxiété, de cycle, de post-partum. La masturbation est aussi un outil d’écoute corporelle.
Ce que ça change
Dans la vie intime
La montée de la masturbation féminine s’accompagne d’une diversification des scénarios intimes. Elle peut cohabiter avec les rapports en couple ou remplacer certaines situations sans désir. Beaucoup disent y voir un moyen de mieux connaître ce qui procure du plaisir (rythme, pression, zones, fantasmes) et de mieux communiquer avec un·e partenaire.
Dans l’éducation sexuelle
Pendant longtemps, l’éducation a tourné autour de la contraception et des IST. Aujourd’hui, les jeunes réclament des infos sur le plaisir, le consentement et les limites. Parler masturbation aide à différencier « je veux » de « je crois devoir ». Cela contribue à réduire les rapports non désirés.
Dans la santé mentale
Le lien n’est pas automatique, mais beaucoup rapportent un effet de régulation (stress, sommeil, humeur). Si la pratique devient compulsive et source de détresse, on peut consulter (médecin, sexologue, psy). Le repère clé : est-ce que cela me fait du bien et respecte ma vie sociale ?
« La masturbation n’est pas un test à réussir, c’est un langage pour mieux se comprendre. »
Comment lire ces chiffres sans se comparer
Les moyennes cachent des écarts d’âges, de contextes et d’expériences. Se comparer à un pourcentage n’a aucun sens pour sa propre vie. Le bon indicateur, c’est : je me sens libre de pratiquer… ou pas.
- Pas d’obligation : la non-pratique est tout aussi légitime.
- Variations individuelles : la fréquence peut changer avec le stress, les études, la santé, le couple, le cycle, les traitements, etc.
- Biais de déclaration : même avec une bonne méthodo, les réponses restent déclaratives. Le chiffre mesure aussi la capacité à dire.
Méthodo en 30 secondes
L’enquête citée repose sur un échantillon large (31 518 personnes), avec des volets téléphone et en ligne, et un protocole éthique renforcé (anonymat, consentement, questions sensibles). Ce type d’étude vise la représentativité de la population résidente. Il ne dit rien de ton histoire individuelle, mais éclaire des tendances de société.
Questions pratiques
La masturbation, c’est “bon” pour la santé
Ce n’est ni un médicament magique ni un danger en soi. Potentiels bénéfices évoqués : détente, réduction du stress, aide à l’endormissement, meilleure connaissance du corps. Risque principal : se faire mal (frictions, irritations) ou culpabiliser à cause de normes sociales. Astuces : lubrifiant si besoin, hygiène simple, écoute des sensations.
Et si je n’en ai pas envie
C’est très bien aussi. Le désir n’est pas une performance. On peut traverser des périodes avec peu ou pas d’envie sans que ce soit un problème.
Dans un couple, est-ce “tromper”
La plupart des couples qui en parlent posent la masturbation comme complémentaire à la sexualité partagée. Le sujet clé, c’est la communication : ce qui est confortable pour chacun·e, ce qui est privé, ce qu’on partage.
Repères pour une pratique safe et sereine
- Consentement envers soi : on ne se force pas. On s’arrête si ça fait mal ou si ça angoisse.
- Intimité numérique : prudence sur le sexting (stockage, partage, consentement explicite à l’envoi et à la réception).
- Objets et hygiène : dispositifs conçus pour (matériaux sûrs), nettoyage avant/après, lubrifiant compatible.
- Espace mental : si la pratique devient envahissante ou génératrice de culpabilité durable, parlez-en à un·e pro.
À retenir
- On observe une banalisation de la masturbation féminine en trois décennies.
- Le numérique, le consentement et la parole sur le plaisir ont changé la donne.
- Ces chiffres sont des tendances, pas des injonctions : ta norme, c’est la tienne.
- Parler masturbation, c’est aussi parler santé sexuelle : respect de soi, des autres et de ses limites.
Questions / Réponses
À quelle fréquence “normale”
Il n’y a pas de norme universelle. La bonne fréquence est celle qui te convient et ne te fait pas souffrir.
La masturbation change-t-elle la sensibilité
La sensibilité varie naturellement. Des pratiques répétées avec une intensité très forte peuvent habituer le corps à certains stimuli. Diversifier les rythmes et les contextes aide à rester à l’écoute.
Faut-il en parler avec un·e partenaire
Pas obligatoire, mais souvent libérateur. Partager ce qu’on aime rend les rapports plus safe et plus satisfaisants.
Ressources utiles
- Numéros d’écoute et d’info santé sexuelle (anonymes et gratuits) disponibles sur les sites publics français.
- Guides de consentement et d’éducation à la sexualité pour les 15–25 ans (associations, institutions, centres de santé).
Lecture recommandée : décryptages sur sexualité et numérique, consentement, prévention des IST, contraception et santé mentale.