Grève du 10 septembre 2025, un parfum de Gilets jaunes

La grève du 10 septembre 2025 s’annonce comme l’un des grands rendez-vous sociaux de la rentrée. Née sur les réseaux sociaux, relayée par des syndicats et soutenue par une partie de la classe politique, elle rappelle à beaucoup l’ambiance des Gilets jaunes. Mais qu’est-ce qui la déclenche vraiment et à quoi faut-il s’attendre ?
Grève 10 septembre 2025

Une mobilisation née sur internet

Le mouvement a d’abord circulé sur Telegram, TikTok et X. Un mot d’ordre clair : « Tout bloquer le 10 septembre ». L’idée, simple et radicale, consiste à paralyser le pays pour protester contre le plan d’économies du gouvernement Bayrou, qui prévoit plus de 40 milliards d’euros de coupes budgétaires.

Le déclencheur principal ? La proposition de supprimer deux jours fériés, mesure jugée symbolique et injuste par beaucoup. Très vite, l’appel a trouvé un écho auprès de syndicats locaux, d’anciens Gilets jaunes, mais aussi de citoyens sans engagement politique précis.

Les revendications derrière la grève du 10 septembre 2025

Si le cœur de la contestation vise le budget 2026, d’autres thèmes reviennent régulièrement dans les discussions :

  • hausse des salaires et des retraites ;
  • maintien des services publics (santé, éducation, énergie) ;
  • refus de la réforme de l’assurance-chômage ;
  • demandes de référendum d’initiative citoyenne (RIC).

Ces revendications très variées donnent au mouvement un côté hétéroclite, proche de celui des Gilets jaunes, où se mélangeaient colère sociale et méfiance envers les élites.

Quels secteurs rejoignent le mouvement ?

Plusieurs professions ont déjà annoncé des actions autour du 10 septembre :

Les cheminots

Le syndicat SUD-Rail appelle à une grève massive, dénonçant une « régression sociale ». La CGT-Cheminots et l’Unsa-Ferroviaire hésitent encore mais la pression de la base est forte.

Les taxis

Ils prévoient une mobilisation dès le 5 septembre, avec blocages des aéroports, gares, frontières et même des Champs-Élysées. Leur combat porte surtout sur la réforme du transport sanitaire, mais leur action risque de mettre le pays sous tension avant même le 10 septembre.

Les pharmacies

Face à la baisse des remises commerciales et du remboursement des médicaments, les syndicats de pharmaciens ont annoncé des fermetures répétées en septembre.

Les hôpitaux

À l’AP-HP (Assistance publique – Hôpitaux de Paris), plusieurs syndicats préparent une grève pour dénoncer l’impact des mesures budgétaires sur la santé publique. Le syndicat SUD Santé a déjà déposé un préavis couvrant tout le mois de septembre.

Le secteur de l’énergie

La CGT Mines et énergie critique la hausse du coût de l’électricité et du gaz et appelle à des actions dès le 2 septembre. Les militants évoquent la possibilité de coupures ciblées pour peser dans le rapport de force.

Les syndicats divisés

Si la base semble prête à bouger, les grandes centrales syndicales comme la CGT et FO restent prudentes. Leur crainte : que le mouvement soit récupéré politiquement par La France insoumise ou infiltré par l’extrême droite.

« Les revendications sociales rejoignent notre analyse, mais le reste est encore très nébuleux », a déclaré Sophie Binet, secrétaire générale de la CGT.

Malgré ces hésitations, plusieurs unions départementales de la CGT et des fédérations comme celles de la chimie et du commerce se disent déjà prêtes à participer.

Un parfum de Gilets jaunes

Ce qui frappe, c’est le parallèle constant avec les Gilets jaunes. Comme en 2018, le mouvement est sans leader, hors cadre syndical et très présent sur les réseaux sociaux. Les appels au « confinement citoyen » du 10 septembre – ne pas aller travailler, ne pas consommer, ne pas utiliser sa carte bancaire – rappellent les stratégies de désobéissance civile popularisées à l’époque.

L’historien Stéphane Sirot note que la défiance vis-à-vis des syndicats traditionnels persiste : « Certains pensent qu’il est plus efficace d’agir par soi-même, en dehors des cadres institutionnels. »

Un mouvement aux contours incertains

À quelques jours de l’échéance, personne ne peut dire si la grève du 10 septembre 2025 paralysera vraiment le pays. Les services de renseignement restent prudents, notant que l’organisation est encore diffuse. Mais la colère sociale, elle, est bien réelle, nourrie par un sentiment de déclassement et la crainte d’un nouvel épisode d’austérité.

Une chose est sûre : la rentrée sera tendue, et la date du 10 septembre pourrait devenir un marqueur social aussi fort que celui des Gilets jaunes, selon l’ampleur que prendra le mouvement.

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