Une mesure budgétaire qui passe mal
En juillet 2025, François Bayrou a annoncé son intention de supprimer le lundi de Pâques et le 8 mai. L’objectif : générer environ 4,2 milliards d’euros d’économies dans le cadre du budget 2026. Mais le calcul politique et économique se heurte à une opinion publique qui n’adhère pas.
Selon l’enquête menée pour Le Parisien, 84% des personnes interrogées s’opposent clairement à cette idée. Seuls 16% jugent la proposition acceptable. Le rejet est donc massif et touche toutes les catégories d’âge, y compris les plus jeunes actifs.
Pourquoi les Français refusent
Derrière cette contestation, plusieurs arguments reviennent. Pour 80% des sondés, la suppression des jours fériés est perçue comme un « impôt déguisé ». Beaucoup estiment que l’effort demandé ne correspond pas aux enjeux de la dette publique. En fait, 66% des répondants déclarent « ne pas voir le rapport entre travailler plus et l’amélioration de la dette ».
« Les Français n’en veulent pas. Ils tiennent à leur équilibre entre la vie personnelle et la vie professionnelle et cette mesure est vécue comme une violence et un préjudice », explique Gaël Sliman, président d’Odoxa.
Pour beaucoup, supprimer des jours de repos revient à fragiliser un équilibre déjà compliqué entre études ou travail et vie privée. Dans un pays où le rythme scolaire et professionnel est souvent intense, ces respirations collectives sont perçues comme essentielles.
Un enjeu social et générationnel
Les jours fériés ne sont pas seulement des pauses, ils incarnent aussi une mémoire commune et un certain art de vivre. Le 8 mai, jour de commémoration de la fin de la Seconde Guerre mondiale, a une dimension symbolique forte. Quant au lundi de Pâques, il marque un temps familial ancré dans les habitudes.
Pour les étudiants et jeunes actifs, ces jours permettent souvent d’organiser des week-ends prolongés, de souffler entre les partiels ou de profiter d’une coupure bienvenue. La perspective de les voir disparaître donne le sentiment d’un sacrifice injuste, sans garantie de résultat sur la dette.
Un contexte politique explosif
Ce rejet ne tombe pas au meilleur moment pour François Bayrou. Son gouvernement est fragilisé par des tensions internes et par l’opposition. La gauche et le Rassemblement national menacent même de déposer une motion de censure autour du budget 2026. De plus, des appels à manifester le 10 septembre circulent déjà, laissant craindre une rentrée sociale agitée.
Cette contestation pourrait bien devenir un symbole du fossé qui se creuse entre les responsables politiques et une population attachée à son rythme de vie. Pour les jeunes générations, le message est clair : toucher aux jours fériés, c’est attaquer un espace de liberté déjà limité.
Un débat qui ne fait que commencer
Pour l’instant, la décision n’est pas encore actée. Mais le rejet massif exprimé dans ce sondage met sérieusement en difficulté le projet. Les prochains mois diront si le gouvernement maintiendra cette mesure, ou s’il devra trouver ailleurs les milliards nécessaires pour son budget 2026.