Un tournant après six ans de SNU
Créé en 2019, le SNU devait incarner un moment de cohésion nationale pour les jeunes de 15 à 17 ans. L’idée : rassembler toute une génération autour de deux semaines de séjour, suivies de missions d’intérêt général. Mais le dispositif n’a jamais atteint ses ambitions. Les chiffres parlent d’eux-mêmes : 32 000 volontaires en 2022, 40 000 en 2023, loin des objectifs fixés par le gouvernement.
Le nouveau Premier ministre Sébastien Lecornu a annoncé le 19 septembre 2025 la suppression de la délégation en charge du SNU. Officiellement, il s’agit d’une “mise en extinction” inscrite dans le programme “État efficace”, qui vise à rationaliser les dépenses publiques.
Pourquoi le SNU n’a pas convaincu ?
Derrière la communication officielle, plusieurs obstacles ont pesé sur le SNU. Le coût d’abord : entre 3,5 et 5 milliards d’euros selon la Cour des comptes. Transport, hébergements, encadrants… chaque session représentait un budget colossal. Ensuite, la logistique : manque d’infrastructures, recours massif à des militaires retraités, et un calendrier difficilement compatible avec la scolarité.
« Ce dont la jeunesse a besoin, c’est qu’on l’écoute, pour une fois. Ce sont des moyens pour l’éducation populaire et la pratique sportive », déclarait le député écologiste Jean-Claude Raux dès 2023.
Enfin, le projet a souvent été critiqué pour son caractère trop militarisé. Lever des drapeaux et chanter l’hymne national n’ont pas suffi à séduire des jeunes en quête d’expériences concrètes et utiles.
Le retour du service militaire volontaire
À la place du SNU, le gouvernement prépare le service militaire volontaire. Ce modèle existe déjà, sous une forme réduite, depuis 2015. Il s’adresse aux 18-25 ans et propose une formation dans un cadre militaire, avec pour objectif l’insertion professionnelle. La nouvelle version pourrait être élargie, voire adaptée aux mineurs, mais les contours exacts restent flous.
Selon le Haut-commissariat au Plan, un SMV rénové coûterait environ 1,7 milliard d’euros par an et permettrait d’accueillir 70 000 jeunes pour six mois d’expérience. Le dispositif servirait à la fois à renforcer la culture de défense et à faciliter le recrutement de réservistes.
Quels enjeux pour les jeunes ?
Le principal enjeu est clair : proposer un engagement qui ait du sens. Le SNU a échoué car il était perçu comme une contrainte. Le SMV, en misant sur le volontariat, pourrait séduire davantage. Pour certains, cela représente une chance d’acquérir discipline, compétences pratiques et réseau. Pour d’autres, c’est le risque d’un retour à une logique militarisée éloignée des préoccupations étudiantes.
Avec l’approche des municipales de 2026 et un contexte budgétaire tendu, le gouvernement mise sur cette transformation pour montrer qu’il ne tourne pas le dos à la jeunesse, mais qu’il cherche un format plus efficace. Reste à savoir si le service militaire volontaire saura trouver son public là où le SNU a échoué.