Un recul inédit des aides étudiantes
En un an, la France compte 17 000 boursiers de moins. C’est une baisse de 2,6 %, alors même que le nombre d’inscriptions dans le supérieur a progressé. Ce recul ne s’explique plus seulement par l’essor de l’apprentissage (qui coupe l’accès aux bourses), mais surtout par l’effet combiné de l’inflation et d’un barème resté figé.
Résultat : de nombreux foyers dépassent désormais les plafonds, non pas parce qu’ils sont plus riches, mais parce que les seuils n’ont pas suivi le coût de la vie. Une mécanique qui exclut petit à petit des milliers d’étudiants.
Un système qui pénalise les plus modestes
Le ministère note aussi un glissement vers les plus petits échelons. Près d’un tiers des bénéficiaires (31,7 %) sont classés en échelon 0 bis, soit les montants les plus faibles. Les aides les plus importantes, celles des échelons 5 à 7, concernent un tiers seulement des boursiers.
Pour la première fois depuis six ans, les bourses n’ont pas été revalorisées à la rentrée 2024. Entre 2019 et 2022, elles augmentaient régulièrement, mais la tendance s’est inversée. Dans un contexte de hausse des prix, l’écart entre la réalité économique et le montant des aides s’agrandit.
Des disparités selon les formations et les territoires
Public contre privé
Les étudiants des établissements publics restent plus aidés (39 %) que ceux des écoles privées (19 %). Les différences sont encore plus visibles entre filières : 53 % des étudiants en BTS touchent une bourse, contre 26 % en prépa et seulement 10 % en école de commerce.
Hommes contre femmes
Les étudiantes sont 38 % à percevoir une bourse, contre 33 % des étudiants. Une différence liée à une plus forte présence des filles dans les études longues, en particulier dans les milieux modestes.
Selon les régions
La carte des boursiers reste très contrastée. En Île-de-France, les académies de Paris et Versailles plafonnent à 25 % d’étudiants aidés. À l’inverse, les académies ultramarines affichent des chiffres bien plus élevés : 52 % en Guyane et 63 % à La Réunion. En métropole, la Corse (48 %) et Montpellier (45 %) se situent en haut du classement.
Une réforme attendue
Face à ces constats, les associations étudiantes réclament une réforme urgente. Elles demandent une indexation automatique du barème et des montants sur l’inflation, afin d’éviter que des étudiants perdent leur bourse à cause d’un simple décalage administratif. La Fage propose aussi de repenser totalement le système pour créer une aide universelle calculée sur les revenus de l’étudiant, et non de ses parents.
« Plus d’étudiants, moins d’aides : le système craque de partout », alerte un représentant étudiant.
En attendant, la baisse du nombre de boursiers risque de se traduire par plus de précarité et par une dépendance accrue aux petits jobs pour financer ses études. Un paradoxe alors que la France affiche une hausse du nombre d’étudiants inscrits dans le supérieur.