Ce que disent les chiffres 2011–2025
Les écarts se creusent fortement entre 2011 et 2025. Le tableau ci-dessous illustre la progression pour un échantillon d’écoles représentatives (Programme Grande École, total de la scolarité).
École | Coût en 2011 | Coût en 2025 | Évolution |
---|---|---|---|
HEC Paris | 35 700 € | 71 750 € | +100,98 % |
ESCP BS | 32 000 € | 65 300 € | +104,06 % |
ESSEC BS | 38 500 € | 60 300 € | +56,62 % |
emlyon | 31 100 € | 61 100 € | +96,46 % |
EDHEC BS | 31 100 € | 60 880 € | +95,76 % |
SKEMA | 29 000 € | 55 000 € | +89,66 % |
NEOMA | 26 515 € | 53 000 € | +99,89 % |
Grenoble EM | 27 690 € | 51 000 € | +84,18 % |
KEDGE BS | 25 050 € | 49 375 € | +97,11 % |
TBS Education | 28 750 € | 47 800 € | +66,26 % |
Excelia BS | 22 950 € | 46 000 € | +100,44 % |
IMT-BS | 7 500 € | 28 100 € | +274,67 % (cas particulier) |
Moyenne observée 2011 → 2025 : +84 %. Toutes les écoles augmentent, avec un plancher autour de +45 % et un pic à IMT-BS (école la moins chère du panel, mais hausse relative très forte).
Trois seuils symboliques tombent
Des prix qui redessinent le haut de tableau
- HEC Paris passe au-dessus de 70 000 € sur 3 ans (+ césure).
- Tout le top 5 s’établit au-delà de 60 000 €.
- Le top 10 dépasse désormais 50 000 €.
Ces seuils traduisent une stratégie assumée : rester compétitif à l’international (recherche, professeurs, campus, tech), tout en finançant des investissements lourds. Plusieurs écoles soulignent aussi la fin progressive des subventions et la baisse de certaines recettes (ex. taxe d’apprentissage) pour expliquer la trajectoire des frais de scolarité.
L’effet SIGEM : quand le prix colle au prestige
Le tarif n’est pas qu’un chiffre. Il se cale en partie sur la préférence des candidats mesurée par le SIGEM. Exemple parlant en 2025 : SKEMA (≈ 55 000 €) se situe en dessous de emlyon (≈ 61 100 €) et de l’EDHEC (≈ 60 880 €), mais au-dessus de NEOMA (≈ 53 000 €) et Audencia (≈ 52 500 €). Cette hiérarchie se retrouve presque à l’identique dans les choix d’affectation des préparationnaires. Autrement dit : le prix référence la place dans la compétition… et la place dans la compétition valide le prix.
Remplissage des promos : quand des places restent vides
Autre angle, très concret : le remplissage. En 2025, plusieurs écoles du milieu et du bas de tableau laissent des places vacantes, ce qui se traduit par un chiffre d’affaires manqué. Quelques ordres de grandeur :
- BSB : 115 places libres ≈ −5,14 M€.
- ICN : 68 places libres ≈ −2,96 M€.
- Excelia : 58 places libres ≈ −2,67 M€.
- Clermont SB : 48 places libres ≈ −1,75 M€.
- Rennes SB : 29 places libres ≈ −1,31 M€.
- GEM : 23 places libres ≈ −1,17 M€.
- SCBS : 20 places libres ≈ −0,66 M€.
- ISC Paris : 13 places libres ≈ −0,52 M€ ; Brest BS : 12 places libres ≈ −0,43 M€.
- À l’inverse, des écoles top 10 comme NEOMA, SKEMA, emlyon, EDHEC, ESCP, ESSEC, HEC remplissent à 100 %.
Le signal est clair : la politique de prix est indissociable de l’attractivité. Des hausses trop rapides peuvent fragiliser le recrutement, surtout hors top 10, et grignoter le budget.
Alternance, bourses, prêts : amortisseurs ou parades ?
Face aux hausses, les écoles mettent en avant trois leviers :
- Alternance : prise en charge partielle ou totale des frais, salaire mensuel, insertion plus rapide. Mais attention au coût caché (logement, transport) et à une expérience campus parfois réduite.
- Bourses/Exonérations : remises importantes pour les échelons élevés ; aides ponctuelles via des fondations. Les non-boursiers de la classe moyenne restent les plus exposés.
- Prêts étudiants : différés possibles, taux préférentiels selon partenariats bancaires. À manier avec un plan de remboursement réaliste.
« Le prix d’un PGE ne dit pas tout. Ce qui compte, c’est le coût total (frais + vie étudiante) et le retour sur investissement (stages, alternance, premier salaire, réseau). »
Comment lire un tarif en 2025
Quatre réflexes simples pour comparer
- Regarder le total du cursus (3 ans + césure éventuelle) plutôt qu’un prix annuel isolé.
- Projeter un budget de vie : loyers, transports, stages à l’étranger, ordinateur… selon le campus.
- Tester des scénarios de financement : alternance (à partir de la M1/M2 selon écoles), bourses, job étudiant, prêt.
- Relier au projet pro : salaires de sortie moyens, spécialités, réseau d’anciens, possibilités de doubles diplômes.
Le « prix–prestige » a ses limites
Un tarif élevé n’est pas une garantie de meilleur ROI pour tout le monde. Les étudiants très motivés par l’entrepreneuriat, l’économie sociale ou certains secteurs publics peuvent optimiser le couple coût/retour dans des écoles aux frais plus contenus, surtout si elles proposent des parcours ciblés, des écosystèmes locaux dynamiques et des dispositifs d’aide solides.
Ce que 2025 change vraiment
Des prix plus hauts, des stratégies plus tranchées
Le triptyque 2025 se résume ainsi : prix élevés en haut de classement, alternance comme amortisseur phare, et sélectivité accrue des candidats, plus « ROIstes » dans leurs choix. Les écoles qui remplissent capitalisent sur leur marque, leurs placements et leur réseau ; celles qui laissent des places vacantes doivent ajuster leur offre, leurs frais… ou les deux.
À court terme
Les hausses devraient se poursuivre dans le top du classement, mais avec des rythmes hétérogènes. Les écoles hors top 10 devront sans doute stabiliser davantage, sous peine d’affecter le recrutement. L’équation centrale reste la même : investir sans casser l’accessibilité.
À retenir
- Depuis 2011, les prix des écoles de commerce ont quasiment doublé en moyenne.
- En 2025, HEC dépasse 71 000 € ; tout le top 5 est à +60 000 €.
- SIGEM reste un bon thermomètre de l’alignement prix ↔ attractivité.
- Des places vacantes génèrent des pertes de CA significatives hors top 10.
- Pour choisir, comparer le coût total et le retour sur investissement, pas seulement l’étiquette.