Une condamnation historique et rarissime
Vendredi 24 octobre 2025, la cour d’assises de Paris a rendu son verdict : Dahbia Benkired, 27 ans, a été reconnue coupable de violences, viol, actes de torture et meurtre sur la jeune Lola Daviet en octobre 2022. La cour a suivi les réquisitions de l’avocat général : perpétuité réelle, c’est-à-dire sans possibilité d’aménagement avant au moins 30 ans.
C’est une décision exceptionnelle : moins de dix personnes en France ont été condamnées à cette peine depuis sa création en 1994. Dahbia Benkired est la première femme à recevoir cette sanction.
Perpétuité incompressible : que dit la loi ?
Contrairement à la croyance populaire, même une perpétuité « réelle » n’écarte pas totalement la possibilité d’une sortie. La loi prévoit une période de sûreté obligatoire de 30 ans. Pendant ces trois décennies, aucune demande d’aménagement n’est possible.
| Période de détention | Possibilités légales |
|---|---|
| 0 à 30 ans | Aucun aménagement de peine possible |
| Après 30 ans | Demande de fin de période de sûreté possible |
| Après levée éventuelle | Demande d’aménagement de peine sous conditions strictes |
Comme l’explique Jean-Baptiste Thierry, professeur de droit pénal :
« Ça ne veut pas dire qu’elle va sortir. Cela signifie qu’au bout de 30 ans, elle pourra seulement demander la levée de sa période de sûreté. Mais la décision reste extrêmement rare. »
Une demande quasi impossible ?
Pour une hypothétique sortie après 30 ans, plusieurs conditions cumulatives doivent être réunies :
- preuve d’une réinsertion sociale possible ;
- absence de risque pour la société ;
- avis favorable d’un collège de cinq magistrats de la Cour de cassation ;
- avis des victimes pris en compte ;
- expertises psychiatriques positives.
Autrement dit, la sortie reste théorique. Certains juristes comparent cette peine à une « mort sociale ».
Dahbia Benkired, un cas à part ?
Durant son procès, l’accusée est restée froide, distante, presque absente. Elle n’a fourni aucune explication convaincante. Pour les parties civiles, elle représente un danger permanent. Pour le ministère public, elle ne montre aucune empathie ni regrets.
Cette attitude a pesé lourd dans le verdict. Aux yeux de la justice, il fallait protéger la société durablement. Pour la mère de Lola, la peine va même trop doucement :
« Je demande à ce que cette chose soit enfermée toute sa vie », avait-elle déclaré à la barre.
Existe-t-il une chance de recours ?
Les avocats de Dahbia Benkired disposent de dix jours pour faire appel. Si un nouveau procès a lieu, la condamnation pourrait être confirmée ou révisée. Mais même en cas d’appel, la perpétuité incompressible reste envisageable.
Alors, sortira-t-elle un jour ?
Sur le plan juridique, oui, c’est possible. Sur le plan réaliste, c’est presque impossible. Dahbia Benkired devra attendre au minimum 2055 pour déposer une requête. Elle aura alors 57 ans. Et rien ne garantit que la justice accepte.
Pour beaucoup, cette peine marque aussi un choix de société : celle de ne jamais oublier Lola, victime d’une violence insoutenable.
