La chute de Sadri Fegaier, du génie de l’assurance au banc des prévenus

Icône de l’assurance mobile pour les uns, gourou ou escroc pour d’autres, Sadri Fegaier a connu une ascension éclair avant de se retrouver face aux juges. Retour clair et net sur un parcours qui a bousculé le retail tech en France, puis basculé avec les liquidations et la condamnation pour pratiques commerciales trompeuses.
sadri fegaier

De l’ascension éclair à l’empire Indexia

Diplômé d’un BTS assurances, passé par des boutiques SFR, Sadri Fegaier fonde SFAM en 2010 et popularise l’assurance multirisque pour smartphones. Le modèle séduit : millions de clients, plus d’un milliard d’euros de volume d’affaires, des milliers de salariés revendiqués en Europe. L’empire change d’échelle avec Hubside.Store (produits neufs et reconditionnés), puis devient Indexia. En 2018, l’entrepreneur entre au capital de Fnac-Darty à plus de 11 %, pendant que des investisseurs comme Bpifrance ou Ardian s’invitent au capital. À Romans-sur-Isère, sa ville d’origine, il bâtit un siège vitré, symbole d’une réussite locale assumée.

Plaintes clients, enquêtes et red flags

À partir de 2019, le vernis craque. La DGCCRF sanctionne des pratiques commerciales trompeuses. Les témoignages se multiplient : prélèvements indus, contrats souscrits à l’insu des clients, résiliations ignorées. Sur le terrain, ex-salariés et partenaires racontent une machine commerciale agressive et des rémunérations élevées pour doper la vente additionnelle. Les signaux d’alerte s’empilent.

En 2024, la galaxie Indexia est frappée par des liquidations judiciaires en cascade : SFAM, Hubside, la holding… Les procédures commerciales s’enchaînent, tandis que des actions civiles et pénales s’organisent pour tenter d’indemniser les victimes présumées.

La chute de Sadri Fegaier devant la justice

« Il a laissé perdurer ces pratiques en toute conscience. Il a agi dans son intérêt propre et celui de ses sociétés. »
— Extrait de motifs de jugement rapportant la responsabilité du dirigeant

Le tribunal correctionnel condamne l’homme d’affaires à deux ans de prison dont 16 mois ferme, à une amende de 300 000 € et à une interdiction de gérer pendant cinq ans. Des confiscations patrimoniales sont ordonnées. Côté sociétés, plusieurs entités du groupe sont lourdement amendées. Parallèlement, des procédures civiles regroupant des milliers de clients réclament le remboursement de prélèvements et la réparation de préjudices.

Et maintenant ?

Pour les personnes concernées, la priorité reste de rassembler les preuves (relevés bancaires, échanges, captures d’écran), de saisir les voies de recours (associations, juristes, procédures collectives), et de suivre les audiences civiles programmées. L’objectif : obtenir le remboursement des sommes prélevées et la réparation des préjudices.

Les talents passés par ces structures ont acquis des savoir-faire en vente, relation client, opérations et retail. Ces compétences restent valorisables dans un écosystème qui recrute, à condition d’être clairs sur les pratiques que l’on refuse.

Assurtech, retail et reconditionné n’ont pas dit leur dernier mot. Mais l’ère est à la confiance mesurable : contrats lisibles, opt-in sans ambiguïté, désabonnement en un clic, traçabilité des flux, et reporting de conformité partagé.

Repères chronologiques pour comprendre

2010 → 2018

Lancement de SFAM, hypercroissance, prise de participation dans Fnac-Darty, arrivée d’investisseurs institutionnels, déploiement de Hubside.Store.

2019 → 2024

Sanctions de la DGCCRF, vagues de plaintes, enquêtes, puis liquidations de multiples entités du groupe Indexia.

Fin 2024 → 2025

Condamnation pénale du dirigeant, amendes pour les sociétés, procédure civile de masse engagée, actions associatives et suites judiciaires en préparation.

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