Les députés votent la limitation des arrêts maladie

L’Assemblée nationale a adopté une mesure encadrant la durée des arrêts maladie. Désormais, un arrêt de travail ne pourra pas dépasser un mois pour une première prescription et deux mois pour un renouvellement. Une décision qui suscite déjà des débats entre économie budgétaire et réalité du terrain.
arret maladie 2026

Une réforme inscrite dans le budget de la Sécurité sociale 2026

Dimanche 9 novembre 2025, les députés ont voté, en première lecture du projet de loi de financement de la Sécurité sociale (PLFSS) pour 2026, une nouvelle limite pour les arrêts maladie. Le gouvernement souhaitait initialement fixer cette durée par décret, à 15 jours pour un arrêt prescrit par un médecin de ville et 30 jours à l’hôpital. Finalement, un amendement socialiste a modifié la mesure : ce sera désormais un mois dans tous les cas, et la durée sera gravée dans la loi.

Concrètement, les médecins pourront dépasser ce plafond uniquement “au regard de la situation du patient” et devront justifier la prolongation sur l’ordonnance. L’objectif affiché du gouvernement : maîtriser les dépenses liées aux indemnités journalières, qui augmentent chaque année.

Des dépenses en forte hausse

Selon la ministre de la Santé, Stéphanie Rist, la mesure est devenue nécessaire face à l’explosion des coûts.

“11 milliards d’euros de dépenses sur les arrêts maladie, c’est plus 6 % par an depuis cinq ans”

, a-t-elle rappelé devant les députés. Pour elle, limiter la durée des arrêts permettra de réduire les abus tout en encourageant un meilleur suivi médical.

D’après un rapport annexé au PLFSS, cette mesure pourrait cependant augmenter le nombre de consultations. Les patients devront retourner plus souvent chez leur médecin pour renouveler leur arrêt, ce qui risque de saturer encore davantage les cabinets médicaux, surtout dans les zones rurales ou déjà sous-dotées en professionnels de santé.

Des critiques à gauche et chez les soignants

Du côté de l’opposition, la décision passe mal. Les députés de gauche dénoncent une mesure injuste et mal adaptée à la réalité du terrain.

“En zone sous-dotée en médecins, une personne malade retournera au travail faute d’avoir pu trouver un nouveau rendez-vous pour prolonger son arrêt”

, a alerté la députée socialiste Sandrine Runel. Le groupe Liot a également pointé du doigt une “logique de suspicion” envers les soignants et les patients.

De nombreux syndicats médicaux redoutent une charge administrative supplémentaire et un risque de décourager les praticiens déjà surmenés. Pour eux, cette réforme risque d’alourdir le quotidien des médecins de ville sans pour autant résoudre le problème structurel de la hausse des arrêts maladie.

Ce que ça change pour les salariés

Jusqu’ici, aucune durée maximale d’arrêt maladie n’était fixée dans la loi. Les patients pouvaient bénéficier d’arrêts prolongés selon leur état de santé, dans la limite de 360 jours d’indemnités journalières sur trois ans. Avec cette réforme, les salariés devront désormais revoir leur médecin chaque mois en cas de maladie longue, sauf dérogation médicale.

Le texte prévoit également deux mois maximum pour un renouvellement, avant qu’un nouveau point médical ne soit effectué. L’idée du gouvernement est de rendre les arrêts plus “dynamiques” et mieux contrôlés, mais certains y voient une mesure purement comptable.

Entre économie et santé publique

Pour le gouvernement, cette limitation vise à réduire le déficit de la Sécurité sociale tout en garantissant un meilleur suivi des patients. La ministre Stéphanie Rist a insisté sur la dimension “de simplification et de responsabilité” de la réforme, affirmant qu’il ne s’agissait pas de punir mais d’équilibrer le système.

Mais sur le terrain, beaucoup de professionnels redoutent que la mesure n’ait l’effet inverse : plus de consultations, plus d’attente, et potentiellement moins d’accès aux soins pour les personnes en arrêt prolongé. Dans certaines régions, obtenir un rendez-vous médical peut déjà prendre plusieurs semaines.

Un vote qui relance le débat sur la santé au travail

Cette décision intervient dans un contexte de tension entre santé publique et contraintes budgétaires. Alors que le gouvernement cherche à maîtriser le “trou de la Sécu”, les syndicats rappellent que les arrêts maladie reflètent aussi la fatigue croissante au travail, les troubles psychologiques et les conditions de certaines professions exposées.

Les débats autour de cette mesure illustrent un dilemme plus large : comment concilier équilibre financier et protection des travailleurs ? Une question à laquelle l’Assemblée devra encore répondre dans les prochaines étapes du vote du budget de la Sécurité sociale 2026.

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