Baisse de 10 % des atteintes à la laïcité depuis la rentrée 2025

C’est une tendance qui semble enfin s’inverser. Alors que l’école publique célèbre les 120 ans de la loi de 1905, le climat scolaire autour des questions religieuses s’apaise. Le ministre de l’Éducation nationale, Édouard Geffray, a confirmé une baisse significative des atteintes à la laïcité depuis septembre. Moins de tensions, plus de dialogue : décryptage d’une rentrée pas comme les autres.
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Les chiffres clés de l’apaisement

Si le sujet reste sensible, les indicateurs virent au vert. Lors d’un déplacement symbolique à Bobigny, en Seine-Saint-Denis, le ministère a dévoilé un bilan chiffré qui tranche avec les années précédentes. Depuis la rentrée de septembre 2025, 1 300 atteintes à la laïcité ont été recensées. Ce chiffre, bien que toujours conséquent, représente une baisse de 10 % par rapport à la même période en 2024.

Cette décrue s’inscrit dans un mouvement de fond amorcé l’an dernier. Sur l’ensemble de l’année scolaire 2024-2025, les signalements avaient déjà chuté de 35 %, totalisant 4 280 cas. Mais le chiffre le plus marquant — et sans doute le plus rassurant — concerne les moments de recueillement. Les perturbations lors des hommages rendus aux professeurs assassinés, Samuel Paty et Dominique Bernard, ont été divisées par trois, passant de 174 incidents l’an dernier à 66 cette année.

« Enfants de la République » : le changement de ton

Au-delà des statistiques, c’est la rhétorique qui évolue. Fini le discours uniquement défensif ? À Bobigny, l’ambiance était à la fête avec des concerts et des expositions d’élèves traduisant le mot « laïcité » en 120 langues. Édouard Geffray a tenu à rappeler que ce principe n’est pas un outil d’exclusion.

Il y a des gens qui cherchent à faire croire que la laïcité serait contre les religions. Au contraire, il n’y a pas plus respectueux des religions que la laïcité.

Le message adressé aux lycéens et aux équipes pédagogiques se veut inclusif. Pour le ministre, l’enseignant ne voit pas « un élève chrétien, juif ou musulman », mais des « enfants de la République ». L’objectif affiché est de présenter la laïcité comme un bouclier contre le prosélytisme et la pression des pairs, plutôt que comme une contrainte.

Comprendre l’histoire pour éviter les fantasmes

Si les chiffres baissent, c’est aussi parce que la compréhension du concept s’affine, bien que des confusions persistent. L’historien Vincent Genin rappelle que la laïcité française est souvent mythifiée, voire transformée en « image d’Épinal » identitaire face à la mondialisation.

Contrairement aux idées reçues, la laïcité n’est pas une exception française absolue et monolithique. L’existence du régime concordataire en Alsace-Moselle, validé par le Conseil constitutionnel, prouve que la République sait gérer des régimes différents. Pour les 16-35 ans, l’enjeu est de sortir des postures : la laïcité ne doit pas être un « culte de plus », mais un outil pragmatique de neutralité et de dialogue.

La formation des profs : le nerf de la guerre

Pour maintenir cette tendance à la baisse, le ministère mise tout sur la formation des équipes. Savoir réagir, expliquer sans braquer, et poser des limites claires face aux radicalités religieuses demande des compétences précises.

Actuellement, 85 % des fonctionnaires de l’Éducation nationale ont été formés aux enjeux de la laïcité. L’objectif est d’atteindre les 100 % d’ici 2027. Cette « politique d’affirmation sereine », selon les mots du ministre, semble porter ses fruits en donnant aux enseignants les clés pour désamorcer les conflits avant qu’ils ne deviennent des statistiques.

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