Moins de chaises pour autant de candidats
Si tu avais prévu de postuler dans des filières en tension, prépare-toi : l’entonnoir se resserre. Alors que la demande étudiante reste extrêmement forte, les capacités d’accueil fondent dans plusieurs grandes villes universitaires. C’est mathématique : pour faire des économies, les établissements ferment des vannes.
L’exemple de Toulouse est particulièrement parlant et illustre ce que l’UNEF qualifie déjà de sélection « rude ». À l’université Toulouse-Capitole, les coupes sont franches :
- Environ 8 % de places en moins en première année de licence de droit et sciences politiques.
- Une chute vertigineuse de près de 21 % des capacités pour le cursus administration et communication.
Ce n’est pas un cas isolé. Comme l’explique Claire Bornais, enseignante à Lille, les facs cherchent à faire des « petites économies » partout où c’est possible. Sauf que bout à bout, ces ajustements finissent par impacter directement tes chances d’admission.
« On a attaqué l’os » : des finances dans le rouge vif
Pourquoi en est-on là ? Parce que les universités n’ont plus un sou. Le terme « déficit » est sur toutes les lèvres. Christine Neau-Leduc, présidente de l’université Paris 1 Panthéon-Sorbonne, utilise une métaphore chirurgicale pour décrire la situation :
Il y a deux ans, j’avais dit : « À l’université, on est à l’os ». Là, on a attaqué l’os. Quand la moelle est atteinte, c’est terminé. C’est un vrai cri d’alarme.
Les chiffres donnent le vertige. L’université de Lille prévoit un déficit record de 44,9 millions d’euros pour 2026. À Pau, on parle de « dégradation constante ». À Angers, la présidente Françoise Grolleau évoque une « urgence absolue ». Pour tenter de survivre, les établissements ne remplacent plus les départs à la retraite (un sur deux, voire deux sur trois) et coupent dans les budgets de fonctionnement.
Pourquoi ton campus est fauché ?
C’est la question qui fâche. Les universités ne sont pas devenues panières du jour au lendemain. Le problème vient d’un effet ciseau redoutable dénoncé par l’association France Universités. L’État a décidé de plusieurs mesures positives sur le papier, comme la revalorisation des salaires des agents ou la protection sociale, mais sans donner aux facs l’argent pour payer ces hausses.
Résultat : les universités doivent payer plus, avec le même budget (ou presque). On estime la facture de ces mesures non compensées à environ 400 millions d’euros pour 2026. C’est ce qu’on appelle une rupture du principe « décideur-payeur ». L’État décide, la fac paie… et au final, c’est l’étudiant qui trinque avec des amphithéâtres surchargés ou inaccessibles.
La réponse du ministère : une réunion en janvier
Face à la gronde des syndicats et l’inquiétude des familles, le ministre de l’Enseignement supérieur, Philippe Baptiste, tente de calmer le jeu. S’il a d’abord voulu « relativiser » la situation (ce qui a eu le don d’énerver tout le monde), il reconnaît désormais un manque de lisibilité dans le financement.
Sa solution ? L’organisation d’assises sur le financement des universités en janvier. L’objectif est de mettre à plat le modèle économique des facs. Mais pour les syndicats, comme le Snesup-FSU ou la CFDT Éducation, le timing est serré. Discuter c’est bien, mais sans rallonge budgétaire immédiate, la rentrée 2026 restera sous le signe de l’austérité.
















