Le “salaire” d’un député, c’est quoi exactement ?
En droit, un député ne touche pas un salaire mais une indemnité parlementaire. L’idée : permettre à toute personne élue de vivre pendant son mandat sans dépendre d’un autre employeur, et garantir l’indépendance de la fonction. Cette indemnité est imposable comme des traitements et salaires. Les dépenses liées au mandat, elles, passent par des enveloppes dédiées (frais, collaborateurs, matériel) et ne constituent pas un revenu personnel.
Combien gagne un député en 2025 ?
Depuis la revalorisation entrée en vigueur au 1er janvier 2024, l’indemnité mensuelle brute d’un député est de 7 637,39 €, pour un net mensuel d’environ 5 953,34 € après les prélèvements obligatoires (pension, CSG-CRDS, etc.).
La décomposition de l’indemnité
- Indemnité de base : 5 931,95 € brut
- Indemnité de résidence (3 %) : 177,96 € brut
- Indemnité de fonction (25 %) : 1 527,48 € brut
Des indemnités supplémentaires existent pour certaines responsabilités (présidence, vice-présidences, questure, etc.).
Ce qui change si l’élu cumule des fonctions locales
Le cumul d’indemnités (mandats locaux) est plafonné à une fois et demie l’indemnité de base : soit 2 965,98 € maximum en plus, le cas échéant.
Frais de mandat, collaborateurs, transports : les moyens pour exercer
Au-delà de l’indemnité, l’Assemblée met des moyens à disposition pour financer l’exercice concret du mandat (permanence, déplacements, équipe, matériel). Attention : ces enveloppes ne sont pas un “bonus” de salaire.
Avance de frais de mandat (AFM)
L’AFM sert à couvrir les dépenses professionnelles non prises en charge directement (loyer de permanence, événements en circonscription, déplacements, etc.). En 2025, elle est fixée à 6 353 € par mois (métropole), revalorisée comme la fonction publique.
Pour mémoire, elle était passée de 5 645 € à 5 950 € en janvier 2024 (contexte inflation), avant la nouvelle revalorisation en 2025.
Crédit collaborateurs
Chaque député dispose d’un crédit mensuel de 11 118 € pour rémunérer jusqu’à cinq collaborateurs (salaires bruts + charges patronales prises en charge par l’Assemblée). Le député est l’employeur (recrutement, rémunération, organisation du travail).
Matériel, communications et impressions
Une dotation matérielle annuelle (DMD) couvre taxis/VTC, affranchissements, impressions, informatique/téléphonie : 16 790 € par an (métropole), avec report possible des sommes non utilisées.
Transports et hébergement : ce que prend en charge l’Assemblée
- Trains : prise en charge des déplacements SNCF (1re ou 2de classe) + Passe Navigo sur demande.
- Avion : quotas annuels de passages (segments) entre Paris et la circonscription, et pour d’autres déplacements en métropole, adaptées aux situations (outre-mer, Français de l’étranger).
- Hébergement à Paris : résidence parlementaire (selon disponibilité), remboursement plafonné des nuits d’hôtel (200 €/nuit) ou dotation d’hébergement pour un pied-à-terre (1 200 €/mois, conditions strictes).
Tableau récapitulatif : indemnités, frais et moyens (métropole)
| Poste | Montant | À quoi ça sert ? | Fiscalité | Source |
|---|---|---|---|---|
| Indemnité brute | 7 637,39 €/mois | Rémunération du mandat (base+résidence+fonction) | Imposable | AN (maj 07/05/2025) :contentReference[oaicite:11]{index=11} |
| Net mensuel | ≈ 5 953,34 € | Après cotisations et contributions | Imposable | AN (fiche n°7) :contentReference[oaicite:12]{index=12} |
| AFM | 6 353 €/mois | Dépenses professionnelles (permanence, déplacements, événements…) | Avance dédiée, non revenu | AN + Vie publique :contentReference[oaicite:13]{index=13} |
| Crédit collaborateurs | 11 118 €/mois | Rémunération de l’équipe (jusqu’à 5 personnes) | Enveloppe de frais | AN (fiche n°7 / n°11) :contentReference[oaicite:14]{index=14} |
| DMD (dotation matérielle) | 16 790 €/an | Taxis/VTC, affranchissements, impressions, IT/téléphonie | Remboursements | AN (fiche n°7) :contentReference[oaicite:15]{index=15} |
| Transports | Trains pris en charge, quotas aériens | Circulation pro Paris/France/circonscription | Prise en charge directe | AN (fiche n°7) :contentReference[oaicite:16]{index=16} |
| Hébergement | Résidence, hôtel (≤ 200 €/nuit), pied-à-terre (≤ 1 200 €/mois) | Présence à Paris lors des sessions | Prise en charge/remboursement | AN (fiche n°7) :contentReference[oaicite:17]{index=17} |
Combien ça représente par rapport aux salaires en France ?
Pour situer, la moitié des salariés du secteur privé gagne moins de 2 183 € nets par mois (salaire médian en 2023, à temps plein). Le salaire moyen du privé tourne autour de 2 730–2 735 € nets par mois. Autrement dit, un député perçoit environ 2,7 fois le salaire médian net, et un peu plus de 2 fois le salaire moyen net.
Impôts, retraite, fin de mandat : ce qu’il faut savoir
Fiscalité
L’indemnité (base + résidence + fonction) est imposable comme des traitements et salaires. Les retenues incluent notamment la cotisation à la caisse de pensions des députés, la CSG-CRDS et des contributions spécifiques.
Retraite des députés
La caisse de pensions des députés a été réformée : base de cotisation alignée sur l’indemnité (7 637,39 € brut), taux de cotisation de 10,85 %, calcul proratisé jusqu’à un plafond d’annuités (progression jusqu’à 43 annuités pour la génération 1965). L’âge d’ouverture des droits suit le droit commun : actuellement 62 ans et 3 mois, avec montée à 64 ans pour la génération 1968.
Allocation en fin de mandat (retour à l’emploi)
Pas de “chômage” classique, mais une allocation d’assurance mutuelle de retour à l’emploi, gérée par la Caisse des dépôts. Conditions : au moins 6 mois de cotisation, durée d’indemnisation de 18 à 36 mois selon l’âge et la conjoncture. Montant : 57 % de l’indemnité parlementaire (soit 4 353,31 € brut/mois), avec abattement de 30 % après le 6e mois pour les moins de 55 ans.
Transparence, contrôles et débats publics
Depuis 2018, l’AFM a remplacé l’ancienne IRFM avec plus de règles et de justificatifs. L’Assemblée précise les dépenses éligibles et renforce la traçabilité. La revalorisation de 2024 (+305 €) puis celle de 2025 a relancé le débat sur le pouvoir d’achat des élus et la proportion de moyens dédiée au mandat.
Des enquêtes journalistiques pointent parfois des mauvais usages de dépenses. Dans ces cas, l’Assemblée peut demander des remboursements et le déontologue rappeler les règles.
À retenir
- Indemnité d’un député (2025) : 7 637,39 € brut, ≈ 5 953 € net.
- Frais de mandat (AFM) : 6 353 € / mois (métropole), enveloppe dédiée aux dépenses pro.
- Crédit collaborateurs : 11 118 € / mois pour recruter jusqu’à 5 personnes.
- DMD : 16 790 € / an pour mobilité, communications et matériel.
- Comparaison : un député touche ≈ 2,7× le salaire médian net du privé (2 183 € en 2023), et ≈ 2,2× le salaire moyen net.
Questions fréquentes
Les députés paient-ils leur Passe Navigo ?
Ils peuvent obtenir un Passe Navigo pris en charge par l’Assemblée (ou un remboursement sur justificatifs), ce qui facilite les déplacements entre le Palais-Bourbon et la banlieue.
L’AFM est-elle imposable ?
Non : c’est une avance dédiée aux frais de mandat, pas un revenu. Elle est destinée à couvrir des dépenses professionnelles non prises en charge autrement (permanence, déplacements, communication). En revanche, l’indemnité parlementaire est imposable.
Un député peut-il avoir une activité rémunérée à côté ?
Oui, sous conditions de compatibilité et de déontologie (prévention des conflits d’intérêts, transparence dans la déclaration d’intérêts). Les activités incompatibles ou interdites sont listées par les textes, et l’Assemblée peut être saisie en cas de doute. (Rappel : cela n’augmente pas l’AFM ou le crédit collaborateurs.)
« Le mandat parlementaire, c’est beaucoup de déplacements, de lecture de dossiers et d’échanges en circonscription. Les enveloppes de frais permettent de travailler, mais ce n’est pas de l’argent de poche. L’indemnité, elle, est imposable comme un salaire. »
















