Une classe pour apprendre autrement
Les élèves inscrits en Segpa suivent leur scolarité de la 6e à la 3e. Le fonctionnement reste proche d’un collège classique, mais les méthodes changent. Les classes sont limitées à 16 élèves maximum pour permettre un accompagnement plus individualisé. Chaque élève bénéficie d’un programme personnalisé, ajusté à son rythme, ses capacités et ses besoins.
Cette pédagogie vise à redonner confiance, à valoriser les progrès et à construire petit à petit un projet d’avenir. Les professeurs sont formés pour adapter leur enseignement et collaborent étroitement avec les familles, les conseillers d’orientation et les professionnels du secteur.
Comment s’effectue l’orientation en Segpa ?
Une orientation possible dès le primaire
L’orientation vers une classe Segpa peut être envisagée dès la fin du CM1. Si un élève rencontre des difficultés importantes malgré le soutien de ses enseignants, l’équipe éducative échange avec les parents pour présenter les dispositifs existants. En CM2, si les problèmes persistent, le conseil des maîtres peut proposer une entrée en Segpa pour la 6e. Cette décision repose sur un bilan complet (pédagogique, psychologique, scolaire) et une concertation avec les parents, qui gardent toujours le dernier mot.
Une intégration possible au collège
Certains élèves rejoignent la Segpa plus tard, en 6e ou en 5e, lorsque leurs difficultés s’installent malgré les dispositifs d’aide. Là encore, tout se fait en concertation avec les familles et les équipes pédagogiques. Dans certains cas, la CDOEA (commission départementale d’orientation vers les enseignements adaptés) peut recommander une intégration pour les jeunes bénéficiant d’un projet personnalisé de scolarisation (PPS).
Le but n’est pas de “mettre à part” les élèves, mais au contraire de leur donner les moyens de réussir grâce à une approche plus adaptée à leur profil.
Un enseignement entre théorie et pratique
Les matières générales restent essentielles
Les élèves de Segpa étudient les mêmes disciplines que leurs camarades : français, mathématiques, sciences, histoire-géographie ou encore langue vivante étrangère. Ce qui change, c’est la manière d’enseigner : les cours sont plus concrets, les activités plus variées et les évaluations adaptées. L’idée, c’est d’apprendre autrement — avec moins de pression et plus de mise en pratique.
Des ateliers professionnels dès la 4e
À partir de la classe de 4e, les élèves découvrent des ateliers professionnels. Ces temps d’apprentissage les plongent dans différents univers : restauration, menuiserie, maintenance, services à la personne… Autant de domaines pour éveiller la curiosité et faire émerger des vocations.
En 3e Segpa, cette dimension pratique devient centrale. Les jeunes passent jusqu’à 12 heures par semaine en formation pré-professionnelle. Ils réalisent aussi plusieurs stages en entreprise : deux en 4e, puis trois en 3e. Ces immersions leur permettent de se familiariser avec le monde du travail, de découvrir des métiers et de préciser leur futur projet d’orientation.
Un accompagnement personnalisé et bienveillant
Des professeurs spécialisés
Chaque classe Segpa est encadrée par une équipe pluridisciplinaire composée d’enseignants du primaire, du secondaire et du lycée professionnel. Ensemble, ils construisent un cadre rassurant, propice à la progression. Les effectifs réduits permettent un suivi constant, où chaque élève avance à son rythme sans être laissé de côté.
Une préparation progressive aux examens
En 3e Segpa, les élèves peuvent passer deux diplômes selon leur niveau :
- le Certificat de formation générale (CFG), qui valide les compétences de base ;
- le Diplôme national du brevet (DNB) série professionnelle, avec des épreuves adaptées.
Ces examens ne sont pas une fin en soi : ils marquent une étape vers l’autonomie et la réussite. Beaucoup d’élèves poursuivent ensuite vers une formation qualifiante.
Et après la Segpa ?
Une fois leur 3e terminée, les élèves de Segpa disposent de plusieurs choix :
- Entrer en lycée professionnel pour préparer un CAP (Certificat d’aptitude professionnelle) dans le domaine qu’ils ont découvert.
- Poursuivre en apprentissage dans un CFA (Centre de formation des apprentis), combinant cours et expérience sur le terrain.
Certains continuent ensuite vers un bac professionnel ou un brevet professionnel (BP). Ces formations offrent une vraie ouverture sur le marché du travail, avec des métiers concrets et recherchés : cuisine, bâtiment, coiffure, hygiène, vente, industrie, services à la personne…
« Avant, je pensais que j’étais nul à l’école. En Segpa, j’ai compris que j’apprenais juste autrement. Aujourd’hui, je prépare un CAP cuisine et j’adore ce que je fais », raconte Kévin, 17 ans.
Combattre les clichés autour de la Segpa
Sur les réseaux sociaux, le mot “Segpa” est souvent utilisé à tort pour se moquer ou dévaloriser. Cette image négative est très loin de la réalité. La Segpa n’est pas une voie de relégation, mais un dispositif d’aide conçu pour donner une vraie chance de réussite à des jeunes qui apprennent différemment.
Les élèves y développent souvent des compétences manuelles et sociales solides, une grande persévérance et un sens concret du travail bien fait. Ces qualités sont précieuses dans de nombreux métiers, et beaucoup d’anciens élèves de Segpa réussissent aujourd’hui brillamment dans leur domaine.
Pourquoi la Segpa est essentielle
Dans un système scolaire souvent centré sur les résultats, la Segpa apporte une bouffée d’oxygène. Elle redonne confiance à des jeunes parfois en rupture avec l’école, en leur prouvant qu’ils sont capables d’apprendre, de progresser et de construire un avenir. Les enseignants y jouent un rôle déterminant, en accompagnant chaque élève sur le long terme.
En résumé, la Segpa n’est pas une “autre école”, c’est une autre manière d’apprendre. Elle prouve que la réussite n’a pas un seul visage et que chaque parcours mérite d’être valorisé. Pour beaucoup d’élèves, c’est même le point de départ d’une belle aventure professionnelle et personnelle.
