Un écart croissant entre filles et garçons
Un des faits marquants de cette étude est l’aggravation des écarts de performance entre filles et garçons. En mathématiques, cet écart est passé de 13 points en 2019 à 23 points en 2023, ce qui fait de la France l’un des pays où cette disparité est la plus prononcée.
Les garçons progressent légèrement (+5 points depuis 2019), tandis que les filles voient leurs scores baisser (-5 points sur la même période). En sciences, où l’écart était insignifiant en 2019, une différence de 8 points apparaît désormais.
Les experts pointent des stéréotypes de genre persistants qui influencent les résultats des filles dès le CP, bien que leurs performances soient similaires à celles des garçons en maternelle. Selon l’Association des professeurs de mathématiques de l’enseignement public (Apmep), la perception des mathématiques comme une matière sélective joue également un rôle dans ce décrochage.
Des inégalités sociales alarmantes
Outre les disparités de genre, l’étude TIMSS révèle que la France est l’un des pays les plus inégalitaires socialement en mathématiques en CM1. L’écart de performance entre les élèves issus de milieux très favorisés et ceux de milieux défavorisés atteint 81 points, un des plus élevés parmi les pays participants.
En 4e, la situation est similaire : la France obtient un score moyen de 479 points, contre une moyenne européenne de 507 points, et figure parmi les trois derniers pays de l’OCDE.
Des réformes éducatives sans impact notable
Depuis 2019, le gouvernement français a déployé un plan mathématiques pour améliorer les performances des élèves, avec une formation spécifique pour 85 % des professeurs des écoles primaires. Pourtant, ces efforts ne semblent pas avoir porté leurs fruits, car les résultats des élèves stagnent depuis quatre ans.
Les experts, tels que le mathématicien Charles Torossian, soulignent que les difficultés des élèves en mathématiques ne sont pas uniquement liées à l’enseignement, mais aussi à l’organisation globale du système éducatif. En France, la formation continue des enseignants reste insuffisante, avec seulement 30 heures tous les six ans, contre 100 heures annuelles à Singapour.
Une proportion inquiétante d’élèves en difficulté
En France, 15 % des élèves de CM1 n’atteignent pas le niveau minimal de compétence en mathématiques, contre une moyenne de 7 % en Europe. En 4e, ce chiffre grimpe à 17 %, tandis que la proportion d’élèves très performants reste limitée à 3 %, contre 15 % en Angleterre et 46 % à Singapour.
Le retard dans l’introduction des notions complexes comme les fractions ou les nombres décimaux est également pointé du doigt. Alors que ces concepts devraient être abordés en CE2 selon les recommandations, ils sont souvent reportés au-delà du CM1, ce qui limite les automatismes nécessaires pour le collège.
Les élèves français continuent de se classer loin derrière des pays comme la Corée du Sud et le Japon, leaders incontestés en mathématiques. En Europe, des nations comme la Pologne et la Roumanie enregistrent des progrès significatifs, tandis que la France reste dans une médiocrité persistante.