Un arsenal qui double en temps record
Les chiffres donnent le vertige. Selon les dernières données du SIPRI (Institut international de recherche sur la paix de Stockholm) et un rapport du Pentagone, la Chine n’est plus dans une logique de « stricte suffisance ». En l’espace de six ans, son stock est passé de 290 à environ 600 ogives. L’objectif ? Dépasser la barre des 1 000 têtes nucléaires d’ici 2030.
Le Pentagone a récemment tiré la sonnette d’alarme : Pékin aurait probablement chargé plus de 100 missiles balistiques intercontinentaux (ICBM), notamment des DF-31, dans de nouveaux champs de silos situés près de la frontière mongole. C’est un tournant stratégique majeur. Jusqu’ici, on savait que les silos étaient construits ; on sait désormais qu’ils sont en train d’être armés.
2026 : L’année de la rupture ?
Pourquoi tout le monde regarde vers 2026 avec anxiété ? Parce que c’est l’année où les garde-fous risquent de sauter. L’architecture de sécurité internationale, déjà fissurée, fait face à deux échéances critiques :
- 5 février 2026 : L’expiration du traité New Start entre les États-Unis et la Russie. Ce texte est le dernier verrou qui limite le nombre d’armes stratégiques déployées.
- Avril 2026 : La conférence de révision du Traité de non-prolifération (TNP) à New York.
Le problème, c’est que nous sommes passés d’un duel à un « ménage à trois » nucléaire extrêmement complexe. Washington doit désormais dissuader deux puissances majeures simultanément. Comme l’explique Emmanuelle Maitre de la Fondation pour la recherche stratégique :
« L’architecture de maîtrise des armements s’effrite. Moins le TNP est fonctionnel, moins on peut faire émerger des solutions collectives en cas de crise. »
Technologie de rupture et ambitions spatiales
Ce n’est pas seulement une question de quantité. La Chine monte en gamme technologiquement. Elle développe une « triade nucléaire » complète (missiles au sol, sous-marins, bombardiers stratégiques) capable de survivre à une première frappe.
Les rapports évoquent des avancées sur les missiles hypersoniques, quasi impossibles à intercepter, et des capacités spatiales accrues. Pékin considère ces développements comme nécessaires à sa sécurité nationale et refuse pour l’instant toute discussion trilatérale sur le désarmement, arguant que son arsenal reste bien inférieur aux stocks russes et américains (qui détiennent encore 90% des armes mondiales).
L’effet domino
Cette accélération chinoise ne reste pas sans conséquences chez ses voisins. L’Inde, observant son rival chinois, continue de moderniser ses vecteurs. Le Pakistan, à son tour, surveille l’Inde. Même la Corée du Nord pourrait doubler son arsenal grâce à ses stocks de matière fissile.
Nous entrons dans une ère de « dissuasion multidomaine » où le cyber, l’espace et le nucléaire s’entremêlent. Si la Chine assure ne jamais vouloir tirer la première, le Pentagone craint que cette montée en puissance ne serve à verrouiller la région, notamment dans la perspective d’un conflit autour de Taïwan à l’horizon 2027.
La question n’est plus de savoir si une course aux armements a commencé, mais comment éviter qu’elle ne dérape.








