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20 ans de prison requis contre Dominique Pélicot

Le ministère public a requis, ce lundi 25 novembre, la peine maximale de 20 ans de réclusion criminelle contre Dominique Pélicot, accusé d’avoir drogué, violé et fait violer sa femme par des dizaines d’hommes recrutés sur Internet entre 2011 et 2020. Ces faits, qualifiés d’“agissements abjects”, ont été perpétrés à leur domicile conjugal de Mazan, dans le Vaucluse.

“Vingt ans, c’est à la fois beaucoup et trop peu : trop peu au regard de la gravité des faits qui ont été commis et répétés”, a déclaré Laure Chabaud, l’une des représentantes du ministère public. Elle a souligné que la responsabilité de Pélicot dans ces actes est “pleine et entière”, affirmant que ce procès est essentiel pour “changer fondamentalement les rapports entre hommes et femmes”.

Un “chef d’orchestre” aux motivations inquiétantes

Dominique Pélicot, décrit comme le “chef d’orchestre” de cette décennie de violences, n’a jamais nié sa culpabilité. Dès le début du procès, il s’était qualifié de “violeur” et avait déclaré :

“Je suis coupable de ce que j’ai fait. J’ai tout gâché, j’ai tout perdu. Je dois payer.”

Selon l’accusation, “la recherche de son plaisir passait par une volonté de soumission et d’humiliation de son épouse”, qu’il considérait pourtant comme la personne qu’il aimait le plus au monde.

Pendant dix ans, Pélicot aurait utilisé des anxiolytiques pour assommer sa femme avant de la livrer à des hommes recrutés via des sites Internet comme Coco.fr. Parmi ces complices, 50 coaccusés, âgés de 26 à 74 ans, sont également poursuivis, pour la plupart pour viols aggravés, des faits passibles de 20 ans de réclusion criminelle.

La victime principale, Gisèle Pélicot, ex-épouse de l’accusé, a fait preuve d’un courage exceptionnel en demandant que le procès ne se tienne pas à huis clos. Elle a affirmé vouloir “changer la honte de camp”, une volonté saluée par les collectifs féministes et de nombreuses personnalités.

Au cœur de ce procès, des milliers de photos et vidéos accablantes, prises par Dominique Pélicot, ont été diffusées comme preuves. Ces documents révèlent l’ampleur des actes commis et rendent impossible toute tentative de minimisation des faits par la défense.

Avec 138 médias accrédités, dont 57 internationaux, ce procès attire une attention mondiale. Des figures politiques, comme la présidente de la Chambre des députés chilienne Karol Cariola, ont exprimé leur soutien à Gisèle Pélicot, qualifiant son combat de “leçon donnée au monde entier”.

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Les coaccusés face à la justice

Les 50 coaccusés, dont 18 sont détenus, font l’objet de réquisitions individuelles. L’accusation tient compte de plusieurs facteurs, comme la fréquence des actes commis et le degré de complicité. Par exemple, 10 hommes auraient participé à plusieurs reprises, tandis que d’autres n’auraient été présents qu’une fois.

Les avocats de certains accusés ont avancé qu’ils auraient été manipulés par Dominique Pélicot, croyant participer à un jeu consenti. Cependant, les preuves vidéo et les témoignages de Gisèle Pélicot contredisent cette version.

Des collectifs féministes présents à Avignon ont appelé à des sanctions exemplaires, exigeant “vingt ans pour chacun” des accusés. Ils estiment que ce procès doit marquer un tournant dans la lutte contre les violences sexuelles.

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Un procès hors norme et son impact sociétal

Jean-François Mayet, représentant du ministère public, a souligné que ce procès est une opportunité pour “bousculer notre société dans notre rapport à l’autre”, notamment dans les relations entre hommes et femmes. Il a rappelé que la domination masculine, mise en lumière ici, est un problème systémique.

Ce procès a également fait écho à celui d’Aix-en-Provence en 1978, où l’avocate Gisèle Halimi avait obtenu la reconnaissance du viol comme crime. La lutte contre les violences faites aux femmes continue de mobiliser des milliers de personnes, comme l’ont montré les manifestations à travers la France ce week-end.

Après les réquisitions, les avocats de la défense auront la parole pour plaider les cas des accusés, y compris celui de Dominique Pélicot. L’avocate de ce dernier, Béatrice Zavarro, sera la première à intervenir. Le verdict est attendu pour le 20 décembre.

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