25 000 milliards sous les mers, l’or caché des puissants

Le fond des océans n’a jamais autant attiré les regards. Politiques, géants de la finance, start-ups et ONG se retrouvent désormais autour d’un mot-clé : l’économie bleue. Érigée en levier de croissance durable, elle fait miroiter un avenir riche en innovations marines et en profits colossaux. Mais ce nouvel eldorado n’est pas sans zones d’ombre, surtout quand l’appât du gain prend le pas sur la protection des océans.
économie bleue

Une mer d’opportunités estimée à 25 000 milliards

Les chiffres donnent le vertige. Selon plusieurs estimations, le potentiel économique lié aux mers et aux littoraux atteindrait jusqu’à 25 000 milliards de dollars. Cette valeur comprend tout : le transport maritime, la pêche, les énergies renouvelables offshore, le tourisme côtier, ou encore l’extraction de ressources sous-marines.

À l’échelle mondiale, l’économie bleue pèse déjà plusieurs milliers de milliards chaque année. Et tout indique qu’elle va continuer à croître, notamment grâce à des innovations comme les algues utilisées en biocarburant, les robots sous-marins pour cartographier les fonds, ou encore les voiliers-cargos décarbonés.

La finance se jette à l’eau

Banques, assureurs et fonds d’investissement y voient une nouvelle manne. À Monaco, Paris ou encore Lisbonne, des forums réunissent désormais des centaines de décideurs économiques venus débattre des retours sur investissement potentiels de projets liés aux mers. De nouveaux produits financiers apparaissent, comme les fonds bleus ou les crédits carbone marins.

Mais cette ouverture à la finance privée interroge. À qui profiteront vraiment ces investissements ? Aux communautés locales ou aux multinationales qui s’accaparent déjà la majeure partie des ressources ? Le risque de voir se répéter les erreurs de l’économie extractive traditionnelle est bien réel.

Le greenwashing guette l’économie bleue

Derrière les grandes promesses environnementales, certaines pratiques posent question. Des ONG dénoncent des projets dits durables qui ne sont que de la poudre aux yeux. Le phénomène est tel qu’on parle de plus en plus de « bluewashing » : faire passer des initiatives industrielles pour vertueuses sans en mesurer l’impact réel sur les écosystèmes marins.

Exemple flagrant : des flottes de pêche industrielle opérant légalement dans des zones côtières appauvries, avec l’aval des gouvernements. Les conséquences ? Surexploitation des stocks, déclin de la biodiversité et perte de moyens de subsistance pour les populations locales.

Un océan en détresse

Le paradoxe est là : plus on parle de préserver l’océan, plus on l’exploite. Pollution plastique, acidification des eaux, réchauffement climatique et extraction minière sous-marine menacent aujourd’hui gravement les équilibres marins. Or, sans océan sain, pas de développement durable possible. La biodiversité marine joue un rôle clé dans la régulation du climat, la production d’oxygène et la sécurité alimentaire mondiale.

Les jeunes veulent une autre approche

Chez les nouvelles générations, l’envie d’agir est forte. Beaucoup refusent les logiques de rentabilité à court terme et exigent des actions concrètes. Cela passe par plus de transparence dans les projets, des réglementations plus strictes, et une réelle participation des citoyens à la gouvernance maritime.

Des initiatives citoyennes émergent : coopératives d’algues, réseaux de plongeurs pour surveiller les récifs, apps de suivi de la qualité des eaux… L’économie bleue ne sera vraiment durable que si elle s’appuie sur les populations concernées et respecte les limites de la planète.

Entre richesse et responsabilité : une course à deux vitesses

Si certains États affichent de grandes ambitions – comme la France, la Norvège ou le Japon – d’autres peinent à imposer une gouvernance juste et efficace. Pourtant, la création d’aires marines protégées, l’arrêt du chalutage profond ou le plafonnement du trafic maritime sont autant de leviers cruciaux à activer pour espérer concilier croissance et écologie.

Le défi est immense, mais la fenêtre d’action se referme. Les 25 000 milliards ne doivent pas servir à répéter les erreurs du passé. Ce potentiel ne pourra se réaliser que si les océans restent vivants, riches et accessibles à tous, pas seulement à une poignée de puissants.

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