Le procès de Marine Le Pen et de plusieurs cadres du Rassemblement National (RN) dans l’affaire des assistants parlementaires a pris une tournure décisive avec les réquisitions du parquet. Le 13 novembre, les procureurs ont réclamé une peine d’inéligibilité de cinq ans, accompagnée de cinq ans de prison dont deux ferme, ainsi qu’une amende de 300 000 euros pour la présidente des députés RN. Le tribunal de Paris a été saisi d’un dossier complexe mettant en lumière des soupçons d’emplois fictifs au sein du Parlement européen.
Un réquisitoire sévère contre Marine Le Pen
Le parquet a insisté sur la nécessité d’une exécution provisoire de la peine d’inéligibilité, ce qui signifie que Marine Le Pen pourrait être frappée d’interdiction de candidature même en cas d’appel. Selon les procureurs, l’accusation repose sur un « système organisé » de détournement de fonds publics, établissant un dispositif de contrats artificiels pour alléger les finances du parti entre 2004 et 2016. Ce montage aurait permis au Front National (devenu RN) de réaffecter des fonds européens destinés aux assistants parlementaires pour des activités internes au parti.
Des assistants parlementaires fictifs et un préjudice financier élevé
L’accusation dépeint une structure bien huilée où les enveloppes parlementaires, censées rémunérer les assistants parlementaires, auraient en réalité servi à payer des employés du RN, assumant des rôles sans lien avec les missions européennes. En conséquence, le Parlement européen, plaignant dans cette affaire, réclame plus de 3,4 millions d’euros en réparation, estimant le préjudice total à 4,5 millions d’euros. Les magistrats se sont appuyés sur des preuves diverses, notamment des échanges de mails et des témoignages attestant de cette gestion financière opaque.
Marine Le Pen dénonce une démarche politique
Présente tout au long du procès, Marine Le Pen a vigoureusement contesté les accusations, dénonçant ce qu’elle considère être une tentative de la priver de ses droits politiques, notamment en vue des présidentielles de 2027. Pour l’ancienne présidente du RN, le parquet chercherait à « ruiner » le parti et à priver les électeurs de leur choix. Lors de l’audience, elle a affirmé que cette enquête n’intéresse pas les Français et qu’elle répond davantage à des motivations politiques qu’à une démarche de justice.
Peines requises pour les autres prévenus
Outre Marine Le Pen, vingt-quatre autres personnalités du RN sont impliquées dans ce procès. Parmi elles, Bruno Gollnisch, ancien cadre du parti, risque trois ans de prison avec deux ans de sursis et cinq ans d’inéligibilité, ainsi qu’une amende de 200 000 euros. D’autres responsables, comme Louis Aliot, maire de Perpignan, ou Nicolas Bay, eurodéputé Reconquête!, font face à des peines similaires. La diversité des peines demandées reflète le rôle et l’implication supposée de chaque prévenu dans ce système présumé de détournement.
Un « système organisé » au cœur des réquisitions
Le réquisitoire du parquet s’est attardé sur ce qu’il qualifie de « système organisé ». Selon les procureurs, le parti a profité d’une situation financière fragile pour tirer parti des indemnités allouées aux assistants parlementaires européens. Les contrats étaient régulièrement modifiés, les assistants étant affectés à des eurodéputés selon les besoins financiers du parti et non en fonction des missions légitimes au Parlement.
Cette demande d’inéligibilité constitue une menace directe pour les ambitions politiques de Marine Le Pen. Cette peine pourrait l’empêcher de se présenter à toute élection, y compris les présidentielles de 2027, écartant ainsi l’une des figures majeures de l’extrême droite française. L’affaire est surveillée de près par les observateurs, d’autant que le RN, qui a fait de la lutte contre les abus de l’élite son cheval de bataille, se trouve ici au cœur d’un scandale financier.
Si le tribunal de Paris suit les réquisitions du parquet, Marine Le Pen pourrait envisager un appel pour contester le verdict. Toutefois, avec une exécution provisoire de la peine, elle risquerait de rester inéligible jusqu’à la prochaine audience. L’affaire des assistants parlementaires du RN marque un tournant dans l’histoire du parti et pourrait avoir des conséquences durables sur l’avenir politique de Marine Le Pen et du Rassemblement National.