Le gouvernement envisage d’augmenter le nombre de jours de carence pour les fonctionnaires en cas d’arrêt maladie, passant d’un jour actuellement à trois jours, comme dans le secteur privé. Selon un sondage Odoxa-Backbone, cette proposition reçoit l’adhésion de 61 % des Français, favorables à l’instauration d’une égalité entre secteur public et privé concernant les arrêts de travail.
Des mesures pour combler le déficit de la Sécurité sociale
Dans le cadre d’un plan de réduction des dépenses publiques, le gouvernement cherche des pistes pour diminuer le déficit de la Sécurité sociale, qui atteint des niveaux préoccupants. Parmi les mesures discutées figurent l’allongement de la carence pour les fonctionnaires et le plafonnement de leurs indemnités d’arrêt maladie à 90 % du salaire pour les trois premiers mois. Ces changements permettraient de générer environ 1,2 milliard d’euros d’économies.
Un soutien partagé pour d’autres réformes
Le sondage montre un soutien global des Français pour plusieurs autres réformes visant à équilibrer les comptes de la Sécurité sociale :
- 64 % des sondés approuvent une réforme du transport sanitaire, incluant le partage de taxis pour les patients se rendant à l’hôpital ou en revenant.
- 64 % des personnes interrogées sont également favorables à une augmentation de la taxe sur les boissons sucrées, une mesure visant à réduire les coûts de santé liés aux maladies telles que le diabète et l’obésité.
Ce soutien à diverses mesures montre la volonté des Français d’accepter certains efforts pour redresser le système de santé, tout en plaçant des limites aux réformes jugées trop contraignantes.
Rejet massif de certaines propositions
Malgré leur adhésion à certaines réformes, les Français restent fermement opposés à plusieurs autres propositions :
- 70 % des Français refusent la suppression d’un jour férié pour instaurer une deuxième journée de solidarité. Cette mesure, qui toucherait notamment les travailleurs en réduisant leur nombre de jours de repos, est loin de faire l’unanimité.
- 79 % des sondés s’opposent à la baisse du remboursement des consultations médicales, qui passerait de 70 % à 60 %. Cette proposition, qui toucherait directement le portefeuille des patients, est la moins populaire.
- Enfin, 74 % des Français rejettent l’idée de geler pendant six mois la revalorisation des pensions de retraite. Avec l’inflation actuelle, une telle mesure est perçue comme un risque pour le pouvoir d’achat des retraités.
La méfiance envers le Premier ministre Michel Barnier
Dans un contexte de mesures d’austérité, le sondage met également en lumière la méfiance envers le Premier ministre Michel Barnier, qui incarne ce programme de réformes. 67 % des Français déclarent ne pas lui faire confiance pour réduire le déficit de la Sécurité sociale, reflétant un scepticisme général quant aux capacités du gouvernement à mener à bien ces réformes sans impacter négativement le quotidien des citoyens.
Le contexte économique et les défis budgétaires
Depuis la déclaration en 2007 de François Fillon affirmant que la France était « en faillite », la dette publique a continué de grimper, atteignant 110,7 % du PIB en 2024. Aujourd’hui, le gouvernement se retrouve face à une situation budgétaire encore plus dégradée, nécessitant des réformes drastiques pour éviter une crise économique majeure. Le plan Barnier, bien que soutenu par une partie des Français, divise l’opinion, avec une nette préférence pour les réformes considérées comme moins invasives sur les finances personnelles des citoyens.
Les résultats de ce sondage montrent que les Français sont conscients des enjeux financiers liés au déficit de la Sécurité sociale et qu’ils sont prêts à accepter certaines réformes. Cependant, ils expriment aussi des limites, préférant les mesures qui touchent moins directement leur pouvoir d’achat ou leurs acquis sociaux. L’instauration de trois jours de carence pour les fonctionnaires est largement perçue comme une mesure d’égalité entre secteur public et privé, mais d’autres réformes jugées plus contraignantes, comme le gel des pensions, continuent de susciter une opposition marquée.
Ce sondage révèle ainsi une ambivalence : les Français sont ouverts à certains changements pour réduire le déficit de la Sécurité sociale, mais ils restent vigilants face aux réformes qui pourraient affecter leur niveau de vie ou toucher des catégories de la population perçues comme vulnérables.