Les réseaux sociaux fascinent et attirent chaque année des milliers de personnes désireuses de devenir influenceurs, avec l’idée de monétiser leur notoriété en ligne. Cependant, une réalité bien moins glamour émerge des dernières études. En 2024, 85 % des influenceurs gagnent en fait moins que le SMIC (salaire minimum interprofessionnel de croissance), soit 21 600 euros par an, d’après une enquête de Reech, agence spécialisée en marketing d’influence. Ce chiffre met en lumière une grande disparité des revenus dans l’univers de l’influence, avec seulement une petite minorité parvenant à transformer leur activité en un revenu confortable.
Une vision faussée par les réseaux sociaux
Lorsqu’on pense aux influenceurs, on imagine immédiatement les grandes figures comme Léna Situations, Inoxtag ou encore Maeva Ghennam, qui affichent une vie luxueuse sur Instagram, YouTube ou TikTok. Ces vedettes représentent cependant une infime fraction des créateurs de contenu. En réalité, la majorité des influenceurs appartiennent à ce qu’on appelle les nano-influenceurs (moins de 10 000 abonnés) ou micro-influenceurs (10 000 à 100 000 abonnés). Ces profils, bien que nombreux, peinent à générer des revenus significatifs.
Selon l’étude de Reech, seuls 15 % des influenceurs déclarent espérer atteindre un revenu brut annuel supérieur à 20 000 euros en 2024. Les autres, majoritairement dans la tranche des nano et micro-influenceurs, ne touchent que des rémunérations symboliques, voire seulement des produits gratuits offerts par les marques.
Comment les influenceurs gagnent-ils leur argent ?
Le marketing d’influence repose principalement sur les collaborations commerciales. Ces partenariats consistent en des publications sponsorisées, où les influenceurs mettent en avant des produits ou services de marques. Selon leur notoriété, les tarifs varient largement : un influenceur avec 100 000 abonnés peut espérer 1 000 euros pour une série de stories sur Instagram, tandis qu’une grande star avec plusieurs millions d’abonnés pourrait négocier des montants de 10 000 euros et plus pour une seule campagne.
À côté des collaborations directes, certains réseaux comme YouTube et TikTok proposent des rémunérations directes basées sur le nombre de vues ou d’abonnés. Cependant, ces sommes restent modestes : 1 000 vues sur YouTube rapportent généralement entre 0,80 centime et 4 euros, ce qui nécessite un large public pour atteindre un revenu substantiel.
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Pourquoi la majorité des influenceurs gagnent-ils si peu ?
La forte concurrence est l’une des principales raisons pour lesquelles la plupart des influenceurs ne parviennent pas à dépasser le SMIC. En 2024, la France compte environ 145 000 créateurs de contenu actifs sur diverses plateformes. Le nombre élevé de profils rend difficile pour beaucoup de se démarquer suffisamment pour attirer des marques prêtes à investir. En outre, 75 % des influenceurs en France exercent cette activité en parallèle d’un autre emploi, ne pouvant donc pas y consacrer tout leur temps.
La saturation du marché dans des domaines populaires, comme la mode et le lifestyle, rend aussi difficile la percée des nouveaux influenceurs. Pour espérer vivre de leur activité, de nombreux créateurs sont ainsi amenés à se spécialiser dans des niches moins compétitives, comme les thématiques business, la santé ou l’environnement, où les marques sont prêtes à payer plus pour atteindre une audience ciblée.
Pour les influenceurs qui réussissent à tirer des revenus réguliers de leur activité, la diversification est souvent la clé. Ceux qui parviennent à rester au sommet lancent souvent des projets parallèles comme des marques de vêtements, des livres ou des restaurants. Léna Situations, par exemple, a vendu 420 000 exemplaires de son livre “Toujours Plus”, tandis que Squeezie a organisé des événements grand public comme le GP Explorer. Ces initiatives permettent aux influenceurs de se constituer des revenus stables et de réduire leur dépendance aux collaborations commerciales.
En revanche, pour la majorité des influenceurs, dont le succès dépend souvent d’un buzz éphémère, il est essentiel de se réinventer régulièrement pour maintenir l’intérêt de leur public. Le monde de l’influence est en effet impitoyable, avec de nouveaux créateurs émergents chaque jour, poussant les plus établis à innover constamment.
L’illusion de la réussite sur les réseaux sociaux
Si l’influence offre effectivement des perspectives de revenus intéressantes pour quelques-uns, la réalité est tout autre pour la majorité. Beaucoup d’influenceurs continuent leur activité principalement par passion, avec l’objectif secondaire d’arrondir leurs fins de mois plutôt que de viser une carrière à temps plein. Les réseaux sociaux créent ainsi une vision faussée de l’influence, renforcée par les parcours exceptionnels de quelques stars visibles, alors que l’immense majorité des créateurs ne dépassent pas un revenu annuel équivalent au SMIC.
L’univers de l’influence reste une opportunité attractive pour ceux qui savent jouer des algorithmes et se diversifier, mais le chemin est long et semé d’embûches pour atteindre les sommets de visibilité et de rémunération.