Une enquête initiée en ligne par une internaute
L’affaire commence sur le réseau social X. Une jeune femme, que les médias appellent Maria, tombe sur un compte privé géré par un homme de 28 ans, Redouane E., où il évoque ses fantasmes pédophiles. Troublée, elle engage la discussion avec lui, dans l’idée de documenter ses propos.
Les échanges passent rapidement sur Snapchat. Redouane y partage des messages explicites et décrit des scènes impliquant des nourrissons. Maria réussit à photographier ces échanges avec un second téléphone, contournant ainsi le caractère éphémère de l’application.
Au fil des conversations, Redouane envoie plusieurs vidéos tournées dans un service néonatal. Ces extraits montrent des bébés victimes de gestes à caractère sexuel. Une femme y figure également : elle travaille dans l’hôpital, et s’avère être infirmière.
« Je vais te montrer une vidéo quand elle est au taf et qu’elle joue avec les bébés. Tu vas être choquée », écrit-il à Maria.
Il affirme même avoir déjà organisé des « plans » avec plusieurs nourrissons. Dans un message glaçant, il évoque : « trois bébés et deux femmes ». Ces propos, appuyés par les images, vont mener Maria à chercher de l’aide extérieure.
Le rôle du collectif AlertesPedo dans la révélation
Ne vivant pas en France, Maria contacte le collectif @AlertesPedo, une structure informelle active sur les réseaux sociaux, spécialisée dans la prévention contre les prédateurs sexuels. L’organisation dispose d’une forte communauté, capable de relayer rapidement les alertes sensibles.
Grâce à leur soutien, l’affaire devient virale. Une manifestation citoyenne a même lieu devant l’hôpital de Montreuil. La pression s’intensifie jusqu’au moment où Juliette S., une infirmière de 26 ans, se rend au commissariat de Clichy-sous-Bois pour s’accuser elle-même.
Juliette, jusqu’alors inconnue des services de police, explique avoir été manipulée par Redouane. Elle aurait filmé les bébés sous sa demande, sans jamais penser que cela irait aussi loin. L’homme, lui, est salarié, marié et sur le point de devenir père. Leur relation exacte reste à éclaircir.
Lors de la garde à vue, Redouane nie certaines implications mais reconnaît ses échanges avec Maria. Les autorités découvrent alors les contenus sur ses appareils. Plusieurs fichiers sont à caractère pédopornographique, enregistrés dans l’environnement hospitalier.
Les accusations retenues par le parquet
Le parquet de Bobigny a mis en examen les deux suspects. Redouane E. est visé pour agressions sexuelles sur mineur de moins de 15 ans et captation, détention et diffusion de contenus pédopornographiques. Juliette S. est poursuivie pour complicité et pour avoir participé à l’enregistrement de certaines séquences.
Ils ont été placés sous contrôle judiciaire, malgré une demande de détention provisoire formulée par le parquet. Parmi les mesures imposées : interdiction d’exercer auprès de mineurs, interdiction de contact, et éloignement de l’hôpital André-Grégoire.
Sur TikTok, des rumeurs avaient circulé évoquant un mobile raciste, certains suggérant que les actes ciblaient uniquement des enfants noirs. Le parquet a clarifié cette information : deux nourrissons ont été identifiés à ce jour, l’un blanc, l’autre noir, sans indication de motivation raciale.
Un choc pour le personnel et les familles
Au sein de l’hôpital, la stupeur est totale. La direction a confirmé la suspension immédiate de Juliette S. à titre conservatoire. Elle a également affirmé sa pleine coopération avec la justice. Le service concerné, celui de néonatalogie, accueille des bébés prématurés dans des conditions de soin délicates.
Des cellules d’écoute ont été proposées aux familles. Le personnel soignant, sous le choc, s’interroge sur les failles qui ont pu permettre de telles dérives, en plein cœur d’un établissement public.
L’exploitation des supports numériques, la collecte de témoignages au sein du service, ainsi que l’analyse des échanges sur les réseaux sociaux seront déterminants pour évaluer l’ampleur des faits et identifier d’éventuels complices.