Ce que l’on sait de la nuit du drame
Les faits se déroulent dans la nuit du 18 au 19 novembre, près de Saint-Marcel-Bel-Accueil, dans le nord-Isère. Tôt le matin, une automobiliste remarque une voiture en feu dans une clairière, à l’écart de la route. Les secours découvrent alors un corps calciné à l’intérieur du véhicule, une Toyota Yaris appartenant à la jeune femme. L’enquête s’oriente très vite vers la piste criminelle, l’hypothèse d’un simple accident de la route étant vite écartée.
Rapidement, les indices conduisent les enquêteurs vers le compagnon de Zaïa. Les éléments recueillis autour du téléphone de la victime et le comportement de l’homme attirent l’attention des gendarmes. Il sera finalement interpellé à son domicile, puis placé en garde à vue pour homicide volontaire.
Qui était Zaïa Binet ?
Derrière cette affaire très médiatisée, il y a d’abord une victime : Zaïa Binet. À 27 ans, elle travaillait comme aide-soignante dans un Ehpad de Crémieu, où elle était décrite comme engagée, bienveillante et très appréciée de ses collègues et des résidents. Plusieurs témoignages la présentent comme « un rayon de soleil », toujours disponible pour les personnes âgées dont elle s’occupait.
Originaire des Hautes-Alpes, elle avait obtenu son diplôme d’État récemment et s’était rapidement investie dans son travail. Son Ehpad a mis en place un dispositif de soutien psychologique pour les équipes, très touchées par sa disparition brutale. Pour les proches comme pour le personnel, le choc est immense.
Affaire Zaïa Binet : ce que dit Nicolas F. aux enquêteurs
Selon les premiers éléments rapportés par la presse locale, Nicolas F., 39 ans, aurait participé activement au transport du corps et à l’incendie de la voiture. En garde à vue, il aurait reconnu certains faits, tout en cherchant à expliquer qu’il n’aurait pas voulu « tuer » sa compagne.
Sa version, telle qu’elle est relayée, suit le même fil : il se serait rendu chez Zaïa en pleine nuit, à L’Isle-d’Abeau, alors qu’elle ne l’attendait pas. Une dispute violente aurait alors éclaté au domicile de la jeune femme. Face au corps inanimé de sa compagne, il dit avoir paniqué. Il aurait ensuite placé le corps dans la voiture de Zaïa, conduit jusqu’au bois de Saint-Marcel-Bel-Accueil, et mis le feu au véhicule pour faire disparaître le corps.
Dans son récit, il ne reconnaît pas une intention de tuer, mais admet un rôle dans la gestion du corps et dans l’incendie. Les médias évoquent également un coup de téléphone passé par lui-même aux gendarmes, dans lequel il se présente comme le compagnon de la victime et prétend avoir été informé du drame par d’anciens collègues des pompes funèbres. Un appel qui aurait contribué à renforcer les soupçons des enquêteurs.
Une garde à vue prolongée et des zones d’ombre
Si l’affaire Zaïa Binet semble avoir franchi un cap avec ces aveux partiels, le dossier est loin d’être clair. La garde à vue de Nicolas F. a été prolongée, afin de « dissiper les flous » autour de la chronologie exacte, du déroulé de la dispute et des circonstances précises de la mort de la jeune femme. Il doit être présenté au pôle criminel de Grenoble pour une éventuelle mise en examen.
Autre difficulté majeure : l’autopsie du corps de Zaïa ne permet pas, pour l’instant, de déterminer avec certitude la cause précise du décès, en raison de l’état extrêmement dégradé de la dépouille. L’enquête se poursuit donc avec des analyses complémentaires et des investigations techniques destinées à reconstituer la nuit du drame.
Les doutes des enquêteurs sur la version du suspect
Pour les gendarmes, la version de Nicolas F. pose de nombreuses questions. Les enquêteurs cherchent notamment à savoir s’il a tenté de maquiller un homicide en suicide par immolation, en laissant croire que Zaïa aurait elle-même mis le feu à sa voiture. L’utilisation d’un produit inflammable, l’isolement de la voiture dans un bois et les incohérences liées au téléphone de la victime alimentent ces doutes.
Les enquêteurs doivent aussi vérifier s’il s’agit d’un meurtre prémédité, d’une explosion de violence dans le cadre d’un conflit de couple ou d’une autre situation encore mal comprise. Les déclarations du suspect, les relevés téléphoniques, les analyses de scène et les témoignages de l’entourage sont au cœur de ce travail.
Présomption d’innocence et cadre juridique
Malgré les titres qui évoquent des aveux, il est important de rappeler que Nicolas F. est présumé innocent. Tant qu’aucune condamnation n’a été prononcée par une juridiction, il reste un suspect, même s’il a « reconnu les faits » selon les médias.
En pratique, la garde à vue permet aux enquêteurs d’entendre la personne soupçonnée, de confronter sa version aux éléments du dossier et de vérifier la cohérence de ses propos. À l’issue, le parquet peut décider d’une mise en examen par un juge d’instruction, d’un placement sous contrôle judiciaire, d’une détention provisoire ou d’un classement sans suite, selon les éléments rassemblés.








