Le député de La France Insoumise (LFI), Andy Kerbrat, élu de Loire-Atlantique, est au cœur d’une polémique. Selon une enquête de Mediapart publiée le 15 novembre 2024, l’élu aurait détourné son avance de frais de mandat (AFM) pour financer une addiction à des drogues de synthèse, notamment la 3-MMC, souvent associée à la pratique du chemsex.
Des retraits importants pour des dépenses personnelles
Le compte AFM d’Andy Kerbrat, abondé chaque mois de 4 700 euros par l’Assemblée nationale, aurait été utilisé pour effectuer des retraits en liquide et des virements vers son compte personnel. Les sommes en question atteindraient 13 000 euros en espèces, souvent retirées tard dans la nuit, et près de 25 000 euros au total, incluant des paiements via des applications comme PayPal et Lydia.
Le 17 octobre 2024, le député a été contrôlé par la police dans le métro parisien alors qu’il achetait des stupéfiants a un jeune âgé de 14 ans. Andy Kerbrat a reconnu avoir fait “n’importe quoi” avec ses frais de mandat mais affirme que ces fonds n’ont pas directement servi à acheter des drogues. L’élu a également déclaré avoir remboursé ces dépenses grâce à une aide familiale.
Les réactions des institutions
La présidente de l’Assemblée nationale, Yaël Braun-Pivet, a réagi fermement à ces révélations. Sur le réseau social X, elle a déclaré :
“Être député, c’est avoir un devoir d’exemplarité. Les faits relatés par Mediapart sont d’une extrême gravité.”
Elle a annoncé avoir saisi le déontologue de l’Assemblée nationale pour un contrôle approfondi des dépenses de l’élu et n’exclut pas de saisir la justice si les faits sont confirmés.
Une addiction qui remonte à des événements personnels
Dans une déclaration à Mediapart, Andy Kerbrat a expliqué que sa consommation de drogues s’est aggravée après le décès de sa mère biologique en 2022. Âgé de 34 ans, il a confié avoir eu recours à ces substances pour gérer le stress lié à son mandat. Il décrit un isolement renforcé par la honte et le secret, affirmant :
“Je pensais pouvoir m’en sortir seul, mais cela n’a fait qu’aggraver mon mal-être et mon addiction.”
Des conséquences sur son activité parlementaire
L’addiction du député a eu des répercussions directes sur son travail. En 2023, Le Canard enchaîné rapportait son absentéisme récurrent, entraînant une retenue sur ses indemnités parlementaires. Il avait également manqué une réunion cruciale sur les violences intrafamiliales, où il était le seul représentant de LFI.
Une pratique sous surveillance renforcée
Le cas d’Andy Kerbrat relance le débat sur la gestion de l’avance de frais de mandat, une enveloppe destinée à couvrir les dépenses professionnelles des députés. Ces fonds sont soumis à des règles strictes et doivent être justifiés par des reçus ou des documents officiels. Un contrôle aléatoire est réalisé chaque année sur un tiers des députés. Cependant, la situation de Kerbrat n’avait pas été examinée jusqu’à présent.
Le député fait actuellement l’objet d’une procédure judiciaire, tandis que son activité parlementaire est suspendue pour cause d’arrêt maladie. Les autorités enquêtent sur l’utilisation des fonds publics et le lien avec ses dépenses personnelles.