Un profil déjà bien connu des services de renseignement
Originaire de la région parisienne, le jeune Franco-Marocain figurait sur la liste des dix personnes les plus recherchées par Interpol. Il était visé par une notice rouge pour son implication présumée dans une série de rapts violents organisés contre des figures du secteur des cryptomonnaies en France.
Son nom est notamment cité dans l’affaire de l’enlèvement du cofondateur de Ledger, David Balland, et de sa compagne, en janvier 2025. Ce dernier avait été torturé — un doigt sectionné — alors que sa compagne avait été retrouvée ligotée dans un véhicule.
Une arrestation à Tanger après des mois de traque
L’interpellation s’est déroulée à Tanger, au nord du Maroc, dans le cadre d’une opération conjointe entre la BNPJ (Brigade nationale de la police judiciaire) et les services de la DGST (Direction générale de la surveillance du territoire). L’action a été rendue possible grâce à une étroite coopération entre les autorités marocaines et françaises.
Des armes blanches, plusieurs téléphones portables et une importante somme d’argent ont été saisis lors de la perquisition. Les enquêteurs marocains soupçonnent que ces éléments soient liés à des activités criminelles organisées dans un réseau transnational.
Un réseau d’exécutants jeunes et organisés
La justice française a récemment mis en examen 25 personnes — dont six mineures — dans le cadre d’une tentative d’enlèvement à Paris, en mai 2025. Les profils des individus inculpés montrent une organisation structurée, avec des rôles bien définis : exécutants, logisticiens… mais sans trace directe des commanditaires jusqu’à cette arrestation au Maroc.
La tentative visait cette fois-ci la fille et le petit-fils du PDG de Paymium, une plateforme française spécialisée dans la cryptomonnaie. L’agression s’est produite dans le XIe arrondissement de Paris, à l’aube, et a été captée par des caméras, provoquant un choc sur les réseaux sociaux.
Des soupçons de blanchiment à grande échelle
Outre les accusations d’enlèvement, Badiss Mohammed Bajjou est également suspecté de participer à un vaste réseau de blanchiment d’argent. Les autorités judiciaires estiment que des crypto-actifs détournés dans le cadre de ces rapts ont ensuite été injectés dans des circuits financiers internationaux à des fins de dissimulation.
Le parquet marocain a placé le suspect en garde à vue, sous la supervision des autorités judiciaires locales. L’objectif est d’exploiter les éléments à charge transmis par la France et de déterminer les modalités d’un éventuel procès ou d’une extradition, bien que cette dernière reste incertaine en l’absence d’un accord bilatéral formel entre Rabat et Paris.
Le ministre de l’Intérieur français Gérald Darmanin a salué cette arrestation dans un message publié sur les réseaux sociaux, soulignant la qualité de la coopération judiciaire entre les deux pays dans la lutte contre le crime organisé international.