Un objectif clair : féminiser les métiers de la science et de la tech
Les femmes restent aujourd’hui largement sous-représentées dans les carrières scientifiques. En France, elles ne représentent que 30 % des élèves en écoles d’ingénieurs et à peine 23 % des professionnelles du numérique. Le MEDEF veut inverser cette tendance en lançant Code F, un dispositif soutenu par le ministère de l’Éducation nationale et la plateforme My Job Glasses.
Son ambition est simple : montrer que les filles ont toute leur place dans les métiers de l’innovation. À travers un réseau d’ambassadrices composé d’ingénieures, de chercheuses, d’entrepreneures et d’étudiantes, Code F permettra des rencontres dans les collèges et lycées pour éveiller la curiosité des jeunes filles et leur donner confiance.
Un constat alarmant : la mixité recule dans les filières STEM
Malgré les efforts de sensibilisation, les chiffres stagnent, voire reculent. Selon les données du ministère de l’Enseignement supérieur, seules 17 % des bachelières poursuivent leurs études dans une filière STEM (Sciences, Technologies, Ingénierie, Mathématiques), contre 44 % des garçons. Moins de 25 % des élèves en classes préparatoires scientifiques sont des femmes, et cette proportion a baissé depuis 2022.
Pour Eva Reygue, étudiante en triple cursus pharmacie-chimie-génie des matériaux, ce manque de mixité commence très tôt :
« Au collège et au lycée, on manque de modèles féminins. Les seules figures d’inspiration sont souvent les professeurs. C’est pour ça que l’idée de rencontrer des ingénieures ou des chercheuses peut vraiment déclencher un déclic. »
Ce besoin de représentations est d’autant plus crucial que la France devra former 100 000 ingénieurs et techniciens supplémentaires chaque année d’ici 2035 dans les secteurs de la tech, de l’IA, de la transition écologique ou encore de la décarbonation.
Un réseau d’ambassadrices pour inspirer et accompagner
Le cœur du projet repose sur la création d’un vaste réseau d’ambassadrices volontaires. Plus de 1 300 femmes ont déjà rejoint le programme. Leur mission : aller à la rencontre des jeunes dans les établissements scolaires, partager leurs parcours et briser les stéréotypes liés aux métiers techniques.
Les enseignants peuvent, via la plateforme code-f.org, inviter une ambassadrice à intervenir dans leur classe, en présentiel ou en visioconférence. L’idée est de créer un échange direct, sans discours formaté, autour d’expériences concrètes et inspirantes.
Les quatre piliers de Code F
Le programme s’articule autour de quatre mots-clés symboliques :
| Pilier | Objectif |
|---|---|
| Fierté | Valoriser les parcours de réussite féminins dans la science et la technologie. |
| Filles | Encourager chaque jeune fille à oser les métiers du futur, sans autocensure. |
| Futur | Construire dès aujourd’hui une génération de femmes innovatrices et créatrices. |
| Formation | Promouvoir tous les parcours, du bac pro aux écoles d’ingénieurs. |
Un enjeu d’avenir économique et social
Au-delà de la question d’égalité, la féminisation des métiers scientifiques représente un enjeu économique majeur. Selon l’économiste Xavier Jaravel, atteindre la parité dans les secteurs d’innovation pourrait augmenter la productivité de 70 % d’ici dix ans.
« Ces initiatives doivent être vues comme un levier d’innovation. On sous-exploite un vivier de talents considérable. En agissant tôt, on peut quadrupler le nombre de filles dans les filières scientifiques », estime-t-il.
Le MEDEF espère ainsi allier égalité et performance, en répondant aux besoins de main-d’œuvre dans des secteurs en tension. Code F ambitionne de toucher l’ensemble du territoire français, pour que chaque collégienne ou lycéenne, qu’elle vive à Paris, Marseille ou Limoges, puisse rencontrer une ambassadrice.
Des modèles pour casser les clichés
Les premières ambassadrices témoignent déjà de l’impact du programme. Certaines racontent avoir vu des élèves changer de regard sur les métiers d’ingénieure ou de développeuse après une simple intervention. D’autres ont été invitées à des forums de l’orientation pour poursuivre la discussion.
Ces rencontres concrètes rappellent qu’on ne choisit souvent un métier que lorsqu’on le connaît. En donnant des visages et des histoires à ces professions, Code F veut transformer les doutes en ambitions et les stéréotypes en vocations.
Un futur plus mixte à portée de main
Le lancement de Code F marque une étape importante vers une société plus inclusive. Dans un monde où les métiers de demain se joueront dans la tech, l’ingénierie ou les sciences, l’égalité d’accès à ces carrières est un enjeu essentiel.
En combinant inspiration, formation et fierté, le MEDEF espère créer une dynamique durable. Les jeunes filles d’aujourd’hui sont peut-être les ingénieures, les chercheuses et les inventrices de demain — et Code F compte bien leur donner les clés pour y parvenir.
