Un discours personnel en territoire sensible
Invité par la chaîne publique algérienne Canal Algérie, Sébastien Delogu a plaidé pour un dialogue « d’égal à égal » avec l’Algérie, se posant en alternative à la ligne du gouvernement français. Ses paroles, empreintes de respect envers le peuple algérien, ont provoqué un malaise jusqu’au sein de La France insoumise (LFI).
Dans un message publié sur X, LFI a déclaré :
Le député Sébastien Delogu s’est exprimé de façon personnelle en Algérie. Il n’engage ni les groupes parlementaires de La France insoumise, ni le mouvement.
Le ton est clair : il n’y a pas eu d’aval politique de la part du groupe parlementaire ou de Jean-Luc Mélenchon.
Des propos accueillis avec hostilité en France
Lors de son intervention, Sébastien Delogu a exprimé sa reconnaissance à l’égard de l’Algérie :
L’Algérie, quand vous arrivez ici, vous apprenez à avoir un peuple qui vous accueille d’une manière dont, honnêtement, je n’ai jamais été accueilli. Tout le monde est gentil, tout le monde sourit, tout le monde prend soin de moi.
Il a dénoncé les invectives de certains ministres français, ciblant notamment Bruno Retailleau, qu’il accuse de porter atteinte à la relation franco-algérienne.
Ce qui choque davantage, c’est l’absence de prise de position sur les cas de Boualem Sansal et Christophe Gleizes. Le premier est un écrivain franco-algérien, condamné à cinq ans de prison pour ses opinions. Le second, un journaliste sportif français, a écopé de sept ans pour « apologie du terrorisme ».
Une crise diplomatique déjà bien installée
Les relations entre la France et l’Algérie sont actuellement marquées par une méfiance croissante. La reconnaissance par Paris d’un plan marocain sur le Sahara occidental a été perçue par Alger comme une provocation. Dans ce contexte tendu, les paroles du député LFI ont pris une dimension inattendue.
Selon des sources internes à LFI, la visite de Delogu n’a été ni coordonnée ni validée par le parti. Il s’agissait selon eux d’un voyage personnel, même si ses interventions ont été largement relayées dans les médias algériens. Cette mise au point a été jugée nécessaire face à l’ampleur de la controverse.
Une fracture au sein de la gauche radicale ?
Le cas Delogu met en lumière les difficultés de certains partis à gérer la communication de leurs figures publiques à l’étranger. Alors que Jean-Luc Mélenchon ne s’est pas exprimé directement sur le sujet, d’autres députés, comme Éric Coquerel, ont pris l’initiative de demander la libération du journaliste français détenu à Alger :
Rien ne justifie le maintien en détention de ce journaliste qui n’a été sur place que pour un reportage consacré à sa passion, le foot.
Les propos de Delogu touchent aussi une corde sensible : celle des millions de Franco-Algériens qui vivent entre deux cultures. Son message d’unité, bien que sincère, a été perçu par beaucoup comme mal orienté, car il a mis l’accent sur la fraternité sans évoquer les violations des droits humains commises dans le pays visité.