Un plan minutieusement préparé
Tout commence à la fin de l’année 2022. Les deux lycéens, alors âgés de 18 ans, réussissent à se procurer une clé passe-partout leur donnant accès à plusieurs salles de leur établissement, le lycée Bréquigny, le plus grand lycée de Bretagne. Une fois à l’intérieur, ils installent discrètement des keyloggers — des enregistreurs de frappes — sur les ordinateurs de l’équipe éducative. Leur but : récupérer les identifiants et mots de passe des professeurs pour accéder à Pronote, le logiciel de gestion de la vie scolaire utilisé par des milliers d’établissements en France.
Notes modifiées et retards effacés
Entre 2023 et début 2024, les deux étudiants bidouillent tranquillement le système. Ils modifient leurs notes, changent les appréciations des professeurs et effacent leurs retards. Grâce à ces manipulations, leurs moyennes s’envolent. Résultat : ils décrochent le baccalauréat grâce à des résultats artificiellement gonflés. L’un d’eux va même plus loin en interceptant et en diffusant des messages internes entre enseignants.
« Je voulais rendre ma mère fière et intégrer une grande école de type Science Po. J’avais entendu que le plus difficile, c’était d’y entrer », a déclaré l’un des prévenus au tribunal.
Le piratage finit par être découvert
Malheureusement pour eux, la supercherie ne passe pas inaperçue. L’équipe du lycée finit par repérer des anomalies dans les notes et remonte la piste jusqu’aux deux jeunes hommes. L’affaire est transmise à la justice, et les anciens lycéens comparaissent devant le tribunal de Rennes en octobre 2025. Lors de l’audience, ils reconnaissent les faits et acceptent une procédure de comparution sur reconnaissance préalable de culpabilité.
Des peines différentes pour les deux auteurs
Le tribunal prononce deux peines distinctes : huit mois de prison avec sursis pour le « coauteur », jugé moins impliqué, et huit mois de prison ferme aménageable pour l’« instigateur », déjà condamné dans une autre affaire. Les deux sont aujourd’hui âgés de 21 ans. Le lycée et l’académie se sont portés partie civile, et les demandes d’indemnisation seront examinées en novembre 2026.
Un rappel aux risques du hacking scolaire
Ce fait divers rappelle à quel point les piratages informatiques ne sont pas anodins, même dans le milieu scolaire. Si certains élèves voient dans Pronote un symbole de frustration ou de stress, s’y introduire illégalement reste un délit passible de prison. En plus de sanctions judiciaires, les conséquences peuvent être durables : casier judiciaire, perte du diplôme, ou interdiction de certaines formations.
Un rappel aussi brutal qu’utile pour une génération ultra-connectée : dans la vraie vie, le “mode triche” n’existe pas.








