Le Robert valide le « Masculinisme », la rue valide le reste
Le Robert a tranché : le mot de l’année est lourd de sens. Avec une augmentation de 800 % des recherches, le masculinisme s’impose, porté par des influenceurs prônant un retour aux valeurs traditionnelles et une hostilité envers le féminisme. Une tendance sombre confirmée par le succès de la série Adolescence sur Netflix.
Mais à côté de cette analyse sociétale froide, une contre-culture linguistique ultra-créative a explosé, portée par la Gen Z. Les réseaux sociaux ont propulsé d’autres champions. Oubliez le « quoicoubeh » des années passées, 2025 a été l’année où l’argot s’est transformé en mode de vie, entre fast-food viral et renouveau du sentiment amoureux.
Le Crousty : l’émeute calorique
C’est la star incontestée de la street-food de 2025. Oubliez le kebab ou le tacos, cette année, tout le monde a voulu son Crousty. Le concept est d’une simplicité biblique : une barquette en polystyrène, du riz, du poulet frit et une tonne de sauce secrète. Inspiré des afro-bowls et de la cuisine ouest-africaine, le terme est un mélange de l’anglais « crusty » et du français « croustillant ».
Mais le Crousty n’est pas qu’un plat, c’est un phénomène social capable de paralyser Paris. On se souvient tous du 13 septembre 2025, où l’ouverture d’un restaurant promettant des barquettes gratuites a dû être annulée face à l’affluence monstre. Les enseignes comme Tasty Crousty ont compris les codes : c’est visuel, c’est généreux, et c’est « archi-rentable » malgré les critiques des nutritionnistes qui pointent du doigt les 1200 calories par portion.
La Doro Party : du lit au dancefloor
Si vous avez entendu des groupes hurler « On se fait une doro à Châtelet ? » sans comprendre, vous n’êtes pas seul. Le terme a semé la confusion toute l’année. À l’origine, « doro » signifie dormir, mais par extension en argot, il désigne l’acte sexuel. Une « Doro party » serait donc, littéralement, une orgie.
Heureusement, l’usage a (un peu) assagi le terme. Sur TikTok, c’est devenu synonyme de grosse soirée où l’on se lâche, une fête géante où l’on danse collé-serré. Mais la frontière reste floue et parfois dangereuse. Le rassemblement du groupe de rap L2B le 11 octobre dernier aux Halles, baptisé « Doro Party », a fini en mouvement de foule incontrôlable. C’est le mot frisson de l’année : on l’utilise pour rire, pour provoquer, ou pour vraiment « pécho ».
Ne dites plus « Crush », dites « Mon Pain »
C’est peut-être la plus belle évolution linguistique de 2025. Le mot « Crush », entré dans le dictionnaire il y a à peine deux ans, est déjà ringardisé. Place au Pain. L’expression nous vient tout droit du nouchi, l’argot ivoirien, où le « pain » désigne un homme ou une femme craquant(e), comme une baguette qui sort du four.
Mais la Gen Z ne s’est pas arrêtée là et a développé tout un champ lexical boulanger :
- La boulangerie : L’ensemble de vos prétendants (votre « roster »).
- Le pain brioché : Votre favori, celui qui sort du lot.
- Le pain rassis : Celui ou celle qui ne vous plaît pas du tout.
- Le pain perdu : Votre ex (souvent regretté).
« Quand un pain ne me calcule plus, je retourne à la boulangerie. »
Attention au double sens : les anglophones nous rappellent que « Pain » signifie aussi « douleur ». Sur TikTok, appeler son ex « mon pain », c’est parfois admettre qu’il nous a fait souffrir. Une poésie urbaine douce-amère qui résume parfaitement les relations amoureuses modernes.








