Une marque culte qui joue sa survie
Avant d’être une campagne d’investissement, Duralex, c’est surtout un morceau de mémoire collective. Les verres numérotés de la cantine, les gobelets épais de la cuisine familiale, les “Picardie” qui résistent à tout… Depuis les années 1940, la verrerie du Loiret fabrique des millions de pièces qui circulent partout en France et à l’international.
Mais derrière cette image solide, l’entreprise a pris de sérieux chocs : hausse du prix de l’énergie, baisse de la consommation, machines vieillissantes. En 2024, Duralex est placée en redressement judiciaire. La sortie de route semble proche.
C’est là que les salariés entrent en scène. L’usine est reprise sous forme de Scop, une société coopérative où les employés deviennent associés. En clair : ce sont eux qui sauvent leur entreprise en investissant directement leur propre argent pour maintenir la production et préserver plus de 200 emplois.
« Les salariés n’ont pas investi pour devenir riches, mais pour garder leur usine », résume le directeur général. L’idée : reprendre la main sur l’outil de travail, puis relancer progressivement la machine.
Un an plus tard, les commandes reviennent et le chiffre d’affaires remonte, mais pas assez pour atteindre l’équilibre. Pour passer un cap, Duralex ouvre son capital aux Français et lance une grande souscription participative.
Pourquoi Duralex ouvre son capital aux Français maintenant
Sur le papier, Duralex progresse. Le chiffre d’affaires attendu tourne autour de 30 millions d’euros, mais l’entreprise estime qu’il lui faut au moins 35 millions d’euros pour devenir rentable de façon durable. Il manque donc plusieurs millions pour financer la transformation en cours.
Objectif affiché de l’opération : lever 5 millions d’euros auprès de particuliers et d’entreprises. Cet argent doit servir à :
- moderniser les lignes de production et remplacer des machines usées ;
- investir dans de nouveaux moules et de nouveaux modèles de verres ;
- changer les emballages pour coller aux attentes actuelles (design, écologie, logistique) ;
- lancer de nouveaux usages, par exemple des pots pour l’agroalimentaire ou des gammes de conservation.
Pour aller plus vite que les banques, la Scop choisit donc la voie du financement participatif. Plutôt que d’attendre des prêts classiques, Duralex invite les citoyens à devenir une sorte de “co-financeurs” de sa relance.
Comment fonctionne la levée de fonds citoyenne ?
Les grandes lignes de l’opération
Concrètement, la levée de fonds passe par une plateforme d’investissement à impact. Ce n’est pas un don, mais un placement financier avec un rendement annoncé. Les grandes règles sont les suivantes :
- Ticket d’entrée : à partir de 100 € pour participer.
- Type de titre : titres participatifs (tu n’achètes pas une action classique, tu n’as pas de droit de vote, mais tu finances la coopérative).
- Durée : l’argent est bloqué pendant 7 ans.
- Rendement visé : 8 % par an, versés chaque année si tout se passe bien.
- Avantage fiscal : 18 % de réduction d’impôt sur le montant investi la première année (sous conditions fiscales habituelles).
L’idée est simple : Duralex ouvre son capital aux Français pour renforcer ses fonds propres, et en échange propose un rendement plus élevé que la plupart des livrets bancaires… mais avec un niveau de risque qui n’a rien à voir.
Entre symbole fort et placement à risque
Un geste pour le patrimoine industriel
Investir dans Duralex, c’est aussi un acte symbolique. Tu ne soutiens pas une startup abstraite, mais une usine bien réelle, installée dans le Loiret, avec des salariés qui ont déjà mis leur propre argent sur la table. Pour certains investisseurs, le critère principal est là : participer à la défense d’un savoir-faire industriel français et d’emplois locaux.
C’est ce qui rend cette opération différente d’un placement purement financier. Beaucoup de participants le disent : ils ne mettent pas seulement de l’argent, ils soutiennent une histoire, une marque qu’ils connaissent depuis toujours, et un modèle coopératif où les salariés ont leur mot à dire.
Un niveau de risque à ne pas minimiser
Les dirigeants de la Scop le répètent eux-mêmes : c’est un placement risqué. Duralex a déjà frôlé la faillite, et rien ne garantit que le marché du verre restera porteur au même niveau dans les prochaines années. Si le plan de relance ne fonctionne pas, l’entreprise peut encore se retrouver en difficulté.
En résumé :
- si tout se passe bien, tu peux toucher 8 % d’intérêts par an et récupérer ton capital au bout de 7 ans ;
- si la trajectoire déraille, la rémunération peut diminuer, voire disparaître, et ton capital peut être perdu.
Duralex ouvre son capital aux Français, mais ce n’est pas une “bonne affaire” garantie. C’est un pari mêlant conviction personnelle, intérêt financier potentiel et soutien à une entreprise en transformation.








