Gérald Darmanin annule le projet de surf thérapeutique pour les détenus de Rennes

Le ministre de la Justice, Gérald Darmanin, a décidé d’annuler une activité de surf thérapeutique initialement prévue pour des détenus du centre pénitentiaire de Rennes-Vezin. Une annonce qui fait suite à une vive polémique lancée par des syndicats pénitentiaires et relayée par plusieurs responsables politiques. Ce projet, présenté comme une initiative de réinsertion sanitaire pour des détenus souffrant de troubles psychiatriques, a finalement été jugé inacceptable par le ministre.
surf prison

Une semaine au bord de l’océan qui ne passe pas

L’idée était simple : permettre à un petit groupe de détenus suivis par le service médico-psychologique régional (SMPR) de bénéficier d’une thérapie innovante par le surf à Saint-Malo. Le projet n’était pas encore lancé, mais déjà il provoquait une onde de choc.

Pour les représentants syndicaux, cette initiative représentait une véritable provocation, notamment dans un contexte où les agressions de surveillants se sont multipliées à Rennes-Vezin. Le secrétaire local du syndicat UFAP-Unsa, Éric Toxe, s’est exprimé avec virulence :

« Pendant que les agents croulent sous les coups de certains détenus au profil instable, on leur offre des séjours tous frais payés à la mer. C’est une honte. »

Dans un communiqué repris par de nombreux médias, le syndicat dénonçait une rupture totale avec la réalité carcérale et les difficultés quotidiennes des personnels.

Une décision prise sous pression politique

La polémique a rapidement pris de l’ampleur. Le député RN Thomas Ménagé s’est emparé du sujet sur les réseaux sociaux, dénonçant un projet « indécent » dans un pays où « 40 % des Français ne partent pas en vacances ». Il a directement interpellé le ministre de la Justice : « Tout va bien, Monsieur Darmanin ? »

Face à la pression médiatique et politique, le ministère a pris les devants. Les services de la Chancellerie ont indiqué que le Garde des Sceaux avait ordonné l’annulation immédiate de cette activité, conformément à une circulaire diffusée en début d’année.

Depuis février, Gérald Darmanin a imposé une ligne claire en matière d’activités en détention : seuls les programmes liés à l’éducation, l’emploi ou le sport encadré sont tolérés. Finis les ateliers théâtre, massages ou autres activités jugées provocantes. Cette règle a d’ailleurs été contestée par le Conseil d’État, mais reste appliquée avec rigueur par le ministère.

Un projet médical, pas une sortie loisir

Ce que soulignent toutefois les professionnels de santé, c’est que le projet ne relevait pas d’une fantaisie récréative, mais d’un programme de soin coordonné par des psychiatres. Selon la direction interrégionale des services pénitentiaires du Grand Ouest, ce projet s’inscrivait dans un cadre thérapeutique bien défini :

« Il s’agissait d’un petit groupe de détenus hospitalisés pour des troubles mentaux graves. La surf thérapie était envisagée comme un outil de réhabilitation avant leur sortie. »

Cette approche est d’ailleurs reconnue internationalement. L’International Surf Therapy Organization (ISTO) définit cette pratique comme une méthode « scientifiquement prouvée qui combine surf et thérapie structurée » pour améliorer l’équilibre psychologique et social des patients.

Ce qui a aussi alimenté la polémique, c’est que la surf thérapie est généralement proposée aux victimes de violences, pas aux auteurs. Le centre hospitalier Marius Lacroix à La Rochelle, par exemple, l’utilise pour accompagner des femmes ayant subi des agressions. Le protocole est strict, encadré par une infirmière, deux psychologues et une éducatrice spécialisée en surf.

Dans le cas de Rennes-Vezin, c’est cette inversion des rôles qui a choqué certains syndicalistes et élus. Même si les patients visés n’étaient pas des condamnés classiques mais des personnes en soins psychiatriques, le message perçu était trouble.

Le nombre de détenus en forte hausse

Ce débat intervient dans un climat tendu pour l’administration pénitentiaire. Selon les chiffres de juillet 2025, la France compte 84 951 détenus, un record historique. En un an, ce sont plus de 6 400 prisonniers supplémentaires qui sont venus grossir les rangs des établissements, déjà surpeuplés.

Dans ce contexte, certains estiment que les priorités devraient se porter sur le renforcement de la sécurité et des moyens pour les surveillants plutôt que sur des expérimentations jugées trop déconnectées.

Actualités

Abonne toi à la Newsletter

Acquisition > Newsletter : Sidebar