Hausse du malus prévue par le gouvernement

mallus auto 2024

Le gouvernement français semble bien décidé à durcir encore plus le malus écologique sur les véhicules thermiques dans les années à venir. Selon les dernières informations, le malus pourrait atteindre des niveaux jamais vus, impactant directement les automobilistes et la filière automobile. Ce changement s’inscrit dans le cadre des mesures visant à réduire les émissions de CO2, tout en favorisant la transition vers des véhicules plus propres, notamment électriques et hybrides.

Cependant, cette hausse du malus soulève de nombreuses questions et inquiétudes. Quels seront les effets sur les automobilistes ? Comment cela affectera-t-il le marché automobile français déjà fragile ? Cet article propose un décryptage des dernières annonces, des perspectives pour l’avenir et des impacts potentiels de cette mesure controversée.

Qu’est-ce que le malus écologique ?

Le malus écologique est une taxe appliquée aux véhicules en fonction de leurs émissions de CO2. Plus un véhicule émet de CO2, plus la taxe est élevée. L’objectif est de dissuader l’achat de voitures polluantes et d’encourager les consommateurs à opter pour des modèles plus respectueux de l’environnement, notamment les véhicules électriques ou hybrides.

En 2024, cette taxe commence à s’appliquer dès qu’un véhicule émet plus de 118 grammes de CO2 par kilomètre. Les montants varient considérablement en fonction des émissions, allant de 50 € pour une petite citadine à plus de 60 000 € pour les voitures les plus polluantes, comme certains SUV et voitures de sport.

Les chiffres de la hausse du malus

Selon des sources gouvernementales, le malus écologique pourrait être revu à la hausse de manière significative dès 2025. Actuellement, le montant maximal du malus est de 60 000 €, mais il pourrait passer à 70 000 € en 2025, puis 80 000 € en 2026, et enfin 90 000 € en 2027. Une augmentation vertigineuse qui risque d’affecter un grand nombre d’automobilistes.

Le seuil d’émission de CO2 à partir duquel la taxe est appliquée devrait également être abaissé. Actuellement fixé à 118 grammes de CO2 par kilomètre, ce seuil pourrait être abaissé à 113 g/km en 2025, puis 106 g/km en 2026 et enfin 99 g/km en 2027. Cette révision pourrait rendre éligibles au malus des véhicules qui, jusqu’à présent, échappaient à cette taxation, comme certaines citadines thermiques.

Une taxe qui frappe tous les automobilistes

L’un des grands enjeux soulevés par cette réforme est son impact sur les automobilistes, notamment ceux qui n’ont pas les moyens d’acquérir des véhicules hybrides ou électriques. Si les véhicules les plus polluants étaient autrefois principalement des modèles de luxe ou des voitures de sport, cette nouvelle hausse du malus pourrait toucher Monsieur et Madame Tout-le-Monde.

Luc Chatel, président de la Plateforme automobile (PFA), a d’ailleurs qualifié cette réforme d’« impôt déguisé ». Selon lui, cette taxe ne vise plus uniquement les véhicules les plus polluants, mais bien l’ensemble des voitures thermiques, même les petites cylindrées. Il craint que cette mesure n’affecte durement les classes moyennes, qui se retrouveront dans l’obligation de payer des sommes conséquentes pour des véhicules auparavant considérés comme modérément polluants.

Le marché automobile en difficulté

Le marché automobile français est déjà en grande difficulté depuis la crise du Covid-19, avec des ventes encore loin des niveaux d’avant pandémie. Les immatriculations de véhicules thermiques continuent de baisser, tandis que celles des véhicules électriques stagnent. En septembre 2024, les ventes ont encore chuté de 11 %, un chiffre préoccupant pour une industrie qui peine à se relever.

Cette situation inquiète particulièrement les acteurs de la filière automobile. Luc Chatel a déclaré que la filière est en « grand danger » et que l’absence de politique claire à long terme, tant au niveau national qu’européen, accentue les difficultés rencontrées par les constructeurs français. En particulier, la lente progression des ventes de véhicules électriques met les constructeurs dans une position délicate face aux réglementations européennes de plus en plus strictes.

Une pression accrue sur les véhicules hybrides et électriques

Si les véhicules électriques semblent être la solution privilégiée par le gouvernement pour réduire les émissions de CO2, les véhicules hybrides pourraient, quant à eux, ne pas échapper à la hausse du malus. Bien qu’ils émettent moins de CO2 que les véhicules thermiques classiques, ils ne respectent souvent pas les nouveaux seuils fixés pour 2026 et 2027.

La fin programmée des véhicules thermiques en 2035 dans l’Union européenne pousse également les constructeurs à accélérer la transition vers l’électrique. Cependant, cette transformation se heurte à plusieurs obstacles, notamment le coût élevé des véhicules électriques pour les consommateurs et la concurrence féroce des constructeurs chinois, qui dominent le marché des véhicules électriques bon marché.

Le poids de la concurrence chinoise

En Europe, la concurrence des constructeurs chinois dans le domaine des véhicules électriques est de plus en plus forte. Leur capacité à produire des véhicules à des coûts inférieurs à ceux des constructeurs européens met ces derniers sous pression. Les voitures chinoises, telles que celles proposées par des marques comme BYD ou NIO, gagnent rapidement des parts de marché, au détriment des constructeurs européens.

Les véhicules chinois sont non seulement moins chers, mais ils bénéficient aussi des dernières innovations technologiques, ce qui leur permet d’offrir des modèles compétitifs en termes d’autonomie et de performances. Cette situation pousse les constructeurs européens à investir massivement dans la recherche et le développement pour rattraper leur retard.

Un budget 2025 sous tension

Le budget 2025 présenté par le gouvernement sera marqué par une volonté de réaliser des économies importantes pour réduire le déficit de l’État. Les taxes sur les émissions de CO2 font partie de ces mesures destinées à générer des recettes supplémentaires. Selon les informations disponibles, le gouvernement souhaite économiser 60 milliards d’euros en 2025, dont 40 milliards proviendront de la réduction des dépenses publiques et 20 milliards de la hausse des impôts.

Le malus écologique figure parmi les taxes qui devraient rapporter le plus, grâce à l’élargissement de son champ d’application. La taxe sur le poids des véhicules, déjà en vigueur, pourrait également être renforcée, en abaissant le seuil de déclenchement de 1600 kg à 1500 kg en 2026. Cette mesure ciblerait principalement les SUV et autres véhicules lourds, souvent critiqués pour leur impact environnemental.

Des perspectives incertaines pour l’industrie automobile

La filière automobile traverse actuellement une période de mutation profonde, avec la transition vers l’électrique et l’abandon progressif des moteurs thermiques. Cependant, cette transition s’accompagne de nombreuses incertitudes, tant sur le plan industriel que social.

Luc Chatel a exprimé ses inquiétudes quant à la capacité des constructeurs français à résister à la concurrence internationale, notamment celle des constructeurs chinois et américains, tout en respectant les objectifs environnementaux imposés par l’Europe. Il estime que la filière automobile pourrait connaître un effondrement similaire à celui de l’industrie de la téléphonie mobile ou de la chimie en Europe.

La question de savoir si l’industrie automobile française sera encore compétitive dans dix ans reste ouverte. Pour Luc Chatel, la clé du succès réside dans l’innovation et la capacité à répondre aux attentes des consommateurs tout en respectant les exigences environnementales.

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