L’enseigne de vêtements Kiabi, bien connue pour ses prix abordables, a récemment été victime d’une fraude d’une ampleur sans précédent. Une ancienne employée, ex-trésorière de l’entreprise, est au cœur de ce scandale après avoir détourné la somme colossale de 100 millions d’euros. Cet événement a secoué l’entreprise, mais elle assure que sa solidité financière n’est pas remise en cause. Alors, comment une telle fraude a-t-elle pu passer inaperçue et quels sont les détails de cette affaire ?
La découverte du détournement
En juillet 2024, lors de vérifications internes, Kiabi a découvert que 100 millions d’euros avaient disparu de ses comptes. Un virement réalisé un an plus tôt dans une banque européenne, supposé générer des intérêts, s’était tout simplement volatilisé. Les dirigeants de Kiabi ont alors rapidement porté plainte, lançant ainsi une enquête menée par le parquet de Paris et l’Office Central de la Répression de la Grande Délinquance Financière (OCRGDF).
Les soupçons se sont très vite tournés vers une ancienne trésorière de l’entreprise, Aurélie B, qui avait quitté son poste pour s’installer à Miami. C’est en usurpant l’identité d’un dirigeant de Kiabi qu’elle aurait réussi à ouvrir des comptes rebonds et à transférer les fonds, les rendant presque impossibles à tracer.
Le mode opératoire : les comptes rebonds
La technique utilisée par l’ex-trésorière est celle des comptes rebonds, une méthode sophistiquée de blanchiment d’argent. Concrètement, cela consiste à transférer des sommes importantes d’un compte à un autre, souvent dans différents pays, afin de brouiller les pistes et d’empêcher le suivi des fonds. Ce stratagème a permis à l’accusée de détourner 100 millions d’euros sans que personne ne s’en aperçoive immédiatement.
Cette méthode, bien connue des spécialistes de la fraude financière, complique énormément les enquêtes car elle exploite les failles des systèmes bancaires internationaux. L’argent peut passer par une multitude de banques et de pays avant de se retrouver dans des comptes personnels. Dans ce cas précis, l’ex-trésorière aurait agi seule, bien que les enquêteurs restent convaincus qu’un réseau plus large pourrait être impliqué.
L’arrestation spectaculaire en Corse
Après avoir fui en Floride, où elle travaillait pour un groupe spécialisé dans le luxe, l’ancienne trésorière a continué à mener un train de vie extravagant. Vacances à Mykonos, séjours sur la côte Amalfitaine, et déplacements en jet privé faisaient partie de son quotidien, comme en témoignent ses publications sur les réseaux sociaux. C’est justement grâce à cette exposition publique que les enquêteurs ont pu suivre ses mouvements.
Le 12 août 2024, alors qu’elle arrivait en Corse à bord d’un jet privé, elle a été arrêtée par les autorités françaises. Lors de son interpellation, les policiers ont découvert dans ses bagages des bijoux et des objets de luxe d’une valeur de 500 000 euros. Elle a ensuite été transférée à Paris, où elle a été placée en détention provisoire et mise en examen pour escroquerie et blanchiment en bande organisée.
L’impact sur Kiabi
Malgré cette fraude massive, la direction de Kiabi a rapidement rassuré ses partenaires et ses clients. L’enseigne, qui a réalisé un chiffre d’affaires de 2,2 milliards d’euros en 2023, affirme que cette fraude ne représente que 4 % de son chiffre d’affaires annuel et ne remet donc pas en cause sa solidité financière. Kiabi a également précisé que ce détournement n’affectera pas le maintien de sa trajectoire annuelle ni ses opérations courantes.
L’enseigne, créée en 1978 dans le nord de la France, fait partie du groupe Mulliez, un conglomérat qui possède également des marques comme Auchan, Decathlon et Norauto. Avec 616 points de vente dans 28 pays, Kiabi reste une force majeure dans le secteur du prêt-à-porter. Bien que cet incident soit une première dans l’histoire de l’entreprise, la chaîne d’habillement assure qu’elle met tout en œuvre pour récupérer les sommes perdues.
Les suites judiciaires
L’enquête se poursuit, et les autorités tentent de comprendre l’ampleur du réseau qui aurait pu soutenir l’ex-trésorière dans cette fraude. Les enquêteurs de l’OCRGDF estiment qu’elle n’aurait pas pu agir seule, notamment compte tenu de la complexité des opérations réalisées. Les autorités travaillent également à retracer les flux financiers pour tenter de récupérer les fonds détournés.
La mise en examen de l’ex-employée pour blanchiment et escroquerie en bande organisée laisse entendre que d’autres acteurs pourraient être impliqués dans cette affaire. Les enquêteurs n’écartent pas l’hypothèse que des complices aient joué un rôle clé dans cette fraude.