La ministre Aurore Bergé visée par la justice pour faux témoignage

La ministre déléguée en charge de l’Égalité entre les femmes et les hommes, Aurore Bergé, fait l’objet d’une information judiciaire pour faux témoignage. La procédure a été ouverte par la Cour de justice de la République (CJR), mardi 28 janvier, après un signalement du bureau de l’Assemblée nationale. Cette enquête porte sur des déclarations faites sous serment devant une commission d’enquête parlementaire le 30 avril 2024.
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Lors de son audition, Aurore Bergé avait nié tout lien personnel avec Elsa Hervy, lobbyiste influente du secteur des crèches privées et déléguée générale de la Fédération française des entreprises de crèches (FFEC). Cependant, ces affirmations sont contredites par des révélations issues du livre-enquête « Les Ogres », publié en septembre 2024 par le journaliste d’investigation Victor Castanet.

Dans cet ouvrage, l’auteur met en lumière un « pacte de non-agression » supposément passé entre Aurore Bergé et Elsa Hervy. Cette entente aurait permis d’éviter toute remise en question publique du rôle des crèches privées, en dépit des polémiques et scandales récents liés aux conditions d’accueil et aux pratiques de certains établissements.

Les accusations portées contre la ministre ne reposent pas uniquement sur des témoignages. Des documents internes et des échanges de messages publiés par Victor Castanet semblent corroborer l’existence de liens étroits entre la ministre et la lobbyiste. Un SMS attribué à Aurore Bergé, dans lequel elle présenterait Elsa Hervy comme « une copine », a particulièrement attiré l’attention des enquêteurs.

Face à ces éléments, plusieurs députés de gauche avaient saisi le bureau de l’Assemblée nationale pour demander l’ouverture d’une procédure contre la ministre. Ce signalement a abouti à l’enquête menée par la Cour de justice de la République, seule habilitée à juger des membres du gouvernement pour des infractions commises dans l’exercice de leurs fonctions.

Le 23 janvier 2025, la commission des requêtes de la CJR a donné un avis favorable à l’ouverture d’une information judiciaire. Dans un communiqué, le procureur général près la Cour de cassation, Rémy Heitz, a précisé que la commission d’instruction de la CJR a été saisie mardi 28 janvier pour enquêter sur ces faits.

Cette procédure vise à déterminer si Aurore Bergé a sciemment dissimulé ses liens avec Elsa Hervy et si ses déclarations sous serment devant la commission parlementaire constituent un faux témoignage, infraction passible de sanctions pénales.

Interrogée sur ces révélations, Aurore Bergé a catégoriquement rejeté les accusations, dénonçant une campagne de diffamation orchestrée contre elle. Son entourage affirme que les échanges révélés ont été sortis de leur contexte et qu’elle n’a jamais conclu d’accord avec la lobbyiste.

De son côté, Victor Castanet maintient ses affirmations, assurant que son enquête repose sur des sources fiables et des documents vérifiés. Le journaliste a également annoncé qu’il était prêt à témoigner devant la CJR si la justice le sollicitait.

Cette affaire tombe à un moment délicat pour l’exécutif. Moins d’un mois après son retour au gouvernement, Aurore Bergé se retrouve au cœur d’une polémique qui pourrait ternir son action et celle du ministère qu’elle dirige. Plusieurs figures de l’opposition demandent d’ores et déjà sa démission en attendant les conclusions de l’enquête.

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