Marine Le Pen, leader du Rassemblement National, est actuellement sous le coup de poursuites judiciaires en raison d’allégations de détournements de fonds du Parlement européen. Ces faits, qui remontent à la période 2011-2016 lorsqu’elle était présidente du FN, pourraient entraîner des conséquences politiques lourdes pour la candidate, notamment l’inéligibilité automatique prévue par la loi Sapin 2 de 2016. Cette perspective inquiète Marine Le Pen, car elle compromettrait ses ambitions pour l’élection présidentielle de 2027.
Les accusations de détournements de fonds européens
Les poursuites engagées contre Marine Le Pen concernent des accusations de détournements de fonds publics via des emplois fictifs d’assistants parlementaires au sein du Parlement européen. Les procureurs affirment que des fonds européens auraient été utilisés pour des activités liées au FN plutôt qu’aux tâches parlementaires. Ces allégations sont basées sur des contrats d’assistants qui auraient été en réalité utilisés pour des tâches internes au parti en France.
En cas de condamnation, Marine Le Pen pourrait se voir imposer une peine d’inéligibilité automatique de cinq ans. En effet, la loi Sapin 2, adoptée en 2016 pour renforcer la transparence et la lutte contre la corruption, impose une inéligibilité automatique pour les délits de détournement de fonds publics, sauf si le tribunal décide d’y renoncer explicitement. Cette sanction, qui aurait des conséquences politiques majeures, inquiète particulièrement la candidate, car elle l’empêcherait de se présenter aux élections à venir. Le tribunal doit rendre son jugement en début d’année 2025, ce qui pourrait être un tournant pour la carrière politique de Marine Le Pen.
Marine Le Pen a exprimé publiquement sa préoccupation quant à la possible inéligibilité, soulignant qu’une telle décision affecterait non seulement sa carrière mais aussi les treize millions d’électeurs qui ont voté pour elle lors de la présidentielle de 2022. Elle a déclaré que cette « automaticité contestable » pourrait priver ses électeurs de leur choix politique. Cette déclaration vise à mobiliser ses partisans en insistant sur les conséquences démocratiques d’une éventuelle condamnation.
Les avocats de Marine Le Pen contestent l’extension de la période de prévention, qui inclut des faits jusqu’à trois ans après la clôture officielle des contrats parlementaires, arguant qu’elle violerait les droits de la défense. Son père, Jean-Marie Le Pen, fondateur du FN, est également impliqué pour des faits remontant à 2004. Cependant, en raison de son âge avancé et de son état de santé, il est probable que cette affaire ne le concernera pas directement.
Si Marine Le Pen venait à être condamnée et à perdre son éligibilité, cela pourrait marquer un tournant pour le Rassemblement National. Le parti, qui repose en grande partie sur la figure de Marine Le Pen, pourrait être amené à revoir sa stratégie et à envisager de nouvelles figures pour assurer sa continuité. En cas d’inéligibilité, les scénarios incluraient une potentielle succession à la tête du parti ou une reconfiguration des alliances pour conserver une place dans le paysage politique français.