Une réforme qui refait surface
Cette réforme n’est pas une surprise. Déjà évoquée lors du budget 2025, elle avait suscité une forte opposition avant d’être suspendue. Mais pour le budget 2026, Bercy remet le sujet sur la table, justifiant cette décision par un besoin d’harmoniser les seuils de franchise de TVA et de limiter les abus.
Concrètement, les autoentrepreneurs devront désormais facturer la TVA à partir de 37 500 euros de revenus s’ils exercent une activité de service, et dès 25 000 euros s’ils travaillent dans le bâtiment. Avant cette réforme, ils bénéficiaient d’une exonération jusqu’à 37 500 euros pour les services et 85 000 euros pour le commerce de biens.
Une colère qui monte chez les indépendants
La mesure ne passe pas chez les microentrepreneurs. Beaucoup dénoncent un coup dur porté à un régime déjà fragilisé. Arnaud, artisan peintre, confie à Capital qu’il envisage d’arrêter son activité :
« Je ne passerai pas en TVA, c’est sûr et certain. Je n’ai pas envie de devenir un collecteur de TVA. »
Pour lui, comme pour beaucoup d’autres, ce changement est synonyme de lourdeurs administratives et de perte de compétitivité. Le principal atout du régime de la microentreprise — sa simplicité de gestion — serait en partie remis en cause.
Des conséquences économiques concrètes
Des prix plus élevés pour les clients
Facturer la TVA, c’est aussi devoir répercuter 20 % supplémentaires sur les tarifs. Dans certains secteurs très concurrentiels, comme le bien-être, la prestation de service ou la création numérique, les indépendants craignent de perdre leurs clients.
« Est-ce que les clients vont accepter de payer 20 % de plus ? » se demandait un autoentrepreneur interrogé par Le Figaro. Beaucoup redoutent que cette hausse ne pousse une partie de leur clientèle vers le travail au noir, déjà présent dans certains métiers.
Un risque de précarisation
Pour des professionnels comme Françoise Madec, psychopraticienne, la réforme pourrait signifier la fin d’une activité viable. Ses revenus mensuels nets se situent entre 1 000 et 1 200 euros. Si elle devait intégrer la TVA, impossible pour elle d’augmenter ses tarifs sans perdre ses clients. Elle résume sa colère par une phrase choc :
« Cette réforme, c’est écraser un moustique avec une ogive nucléaire. »
Un sentiment partagé par de nombreux microentrepreneurs, qui voient dans cette décision une mesure disproportionnée par rapport à la réalité de leur activité.
Un statut en pleine remise en question
Le gouvernement affirme vouloir lutter contre la concurrence déloyale entre autoentrepreneurs et entreprises soumises à la TVA. Les organisations patronales, notamment dans le bâtiment, soutiennent cette logique. Mais sur le terrain, beaucoup y voient surtout un risque de décourager l’entrepreneuriat individuel.
De nombreux jeunes se sont lancés en freelance ces dernières années pour gagner en indépendance et tester des projets sans contraintes fiscales trop lourdes. Ce nouveau seuil pourrait rendre le statut moins attractif, surtout pour ceux qui débutent ou cumulent une activité d’étudiant avec une microentreprise.
Un futur encore incertain
Le texte doit encore être discuté au Parlement à l’automne 2025. Plusieurs élus ont déjà demandé à ce que la mesure soit repensée ou modulée selon les secteurs. Si elle est maintenue, les autoentrepreneurs devront s’adapter dès le 1er janvier 2026.
Pour beaucoup, cette réforme sonne comme un tournant. Elle interroge sur la place accordée aux petits indépendants dans l’économie française, et sur la capacité du statut d’autoentrepreneur à rester ce qu’il a toujours été : un tremplin simple et accessible pour se lancer.








