Un détournement massif chez Kiabi
Tout commence en 2023, lorsque la direction de Kiabi découvre qu’un investissement réalisé l’année précédente a mystérieusement disparu. Une enquête interne révèle rapidement qu’Aurélie Bard, alors trésorière de l’enseigne, a mis en place un système sophistiqué de comptes rebonds pour détourner l’argent. Cette technique consiste à transférer des fonds d’un compte à un autre jusqu’à brouiller totalement leur trace.
Selon Jean-Marc Allouët, expert en gestion des risques financiers, ce type de détournement demande des compétences financières très pointues, mais la somme astronomique détournée — 100 millions d’euros — a finalement attiré l’attention, et il n’aura fallu que peu de temps avant qu’elle ne soit arrêtée.
Une vie de luxe à Miami
Avant d’être arrêtée, Aurélie Bard menait une vie de jet-setteuse à Miami, où elle avait lancé une entreprise de design d’intérieur pour une clientèle fortunée. Sur les réseaux sociaux, elle affichait régulièrement son quotidien somptueux, entre soirées dans des villas luxueuses, dîners avec des célébrités, et voyages en jets privés. Elle fréquentait notamment des acteurs oscarisés et des DJ célèbres, s’affichant sans complexe dans des lieux paradisiaques comme Mykonos et la Côte amalfitaine.
En juillet 2024, elle célébrait le lancement de son agence de design lors d’une soirée fastueuse à Zuma Mykonos, arrosée de Château Margaux et de tequila Don Julio 1942. Quelques jours plus tard, elle apparaissait en couverture de Modern Luxury Palm Beach, une revue de lifestyle floridienne. Mais ce rêve doré prendra fin brusquement en août 2024, lorsqu’elle est arrêtée sur le tarmac de l’aéroport de Figari, en Corse, par les enquêteurs de l’Office central pour la répression de la grande délinquance financière.
Des antécédents déjà troublants
L’affaire Kiabi n’est pas la première escroquerie à mettre Aurélie Bard en lumière. Dix ans plus tôt, en 2014, elle était déjà impliquée dans le détournement de près de 60 000 euros au sein de Cultura, son premier employeur. Trésorière à l’époque, elle utilisait la carte affaires de l’entreprise pour régler des dépenses personnelles, notamment des achats de luxe et des retraits d’argent liquide. Cependant, cette affaire avait été réglée en interne, avec une simple reconnaissance de dette, sans poursuite judiciaire.
En parallèle de ses activités professionnelles douteuses, Aurélie Bard n’hésitait pas non plus à exploiter les personnes de son entourage. Elle aurait ainsi détourné près de 680 000 euros de son ex-compagnon, un jeune footballeur professionnel. Profitant de la confiance que ce dernier lui accordait, elle aurait émis plus de 140 chèques frauduleux à son profit, dissimulant ses manigances sous une apparence de relation amoureuse. Ce n’est qu’après un contrôle bancaire que son ex-compagnon a découvert l’ampleur de la fraude.
Une arrestation qui met fin à une cavale dorée
Aurélie Bard a finalement été arrêtée en août 2024, marquant la fin de sa vie luxueuse et de ses nombreuses manipulations financières. Elle a été placée en détention provisoire et mise en examen pour blanchiment en bande organisée et escroquerie.
L’affaire a mis en lumière des failles importantes dans les processus de contrôle des entreprises et souligne l’importance de vérifier les antécédents des employés occupant des postes aussi sensibles que celui de trésorier. Malgré ses antécédents chez Cultura, Aurélie Bard avait réussi à obtenir un poste de grande responsabilité chez Kiabi, ce qui a facilité l’un des plus grands détournements de fonds de l’histoire récente de l’entreprise.