Le mandat d’arrêt émis par la Cour pénale internationale (CPI) contre le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a provoqué une onde de choc à l’échelle mondiale. La CPI accuse Netanyahu de crimes de guerre et crimes contre l’humanité, liés aux actions militaires d’Israël contre les Palestiniens, notamment depuis l’attaque du Hamas le 7 octobre 2023. Cette décision place la France, signataire du statut de Rome, face à une obligation légale délicate : arrêter toute personne visée par un mandat de la CPI si elle venait sur son territoire.
Des échanges tendus entre Netanyahu et Macron
Selon plusieurs sources, Benjamin Netanyahu a tenté de dissuader Emmanuel Macron d’appliquer la décision de la CPI lors d’un échange téléphonique récent. Le Premier ministre israélien aurait exprimé son mécontentement et ses inquiétudes, tout en plaidant pour une exemption. Officiellement, le président français s’est engagé à respecter le droit international, tout en rappelant que l’immunité pour les chefs d’État pouvait être envisagée au cas par cas.
Lors de son intervention à l’Assemblée nationale, le Premier ministre Michel Barnier a réaffirmé que “la France appliquera rigoureusement (…) les obligations qui lui incombent”, tout en évitant de préciser si cela inclurait une arrestation de Netanyahu sur le sol français. De son côté, le ministre des Affaires étrangères, Jean-Noël Barrot, a qualifié la situation d’”hypothétique”, évitant une réponse directe sur une éventuelle interpellation.
Yaël Braun-Pivet, présidente de l’Assemblée nationale, a cependant clarifié la position légale de la France. Elle a déclaré :
En tant que signataire du statut de Rome et adhérente à la CPI, la France doit appliquer les règles qui en découlent, sans exception
Une réponse divisée à l’international
Le mandat d’arrêt a suscité des réactions variées parmi les États occidentaux. Tandis que des pays comme l’Irlande, les Pays-Bas et la Belgique ont immédiatement affirmé leur intention de respecter les décisions de la CPI, d’autres, comme la Hongrie, ont exprimé leur soutien à Netanyahu. Les États-Unis, non signataires de la CPI, ont qualifié les mandats d’arrêt de “scandaleux”, marquant une rupture nette avec la position européenne.
Cette situation s’ajoute à une série de crises qui ébranlent Netanyahu. Déjà confronté à des accusations de corruption en Israël, il doit également gérer les critiques sur sa gestion des conflits au Moyen-Orient, notamment la guerre contre le Hamas et les tensions croissantes avec le Hezbollah au Liban. Depuis l’attaque du 7 octobre 2023, des milliers de civils ont perdu la vie dans la bande de Gaza, renforçant la pression internationale sur Israël et son Premier ministre.
Netanyahu rejoint un cercle restreint de dirigeants visés par des mandats d’arrêt de la CPI pour crimes contre l’humanité, aux côtés de figures comme Vladimir Poutine, Omar el-Béchir et Mouammar Kadhafi. Ce mandat pourrait limiter ses déplacements à l’international, notamment dans les 124 pays signataires du statut de Rome, qui seraient légalement obligés de l’arrêter.
La CPI, bien que reconnue par de nombreux pays, fait face à des critiques récurrentes sur son efficacité et sa légitimité. Israël n’est pas membre de la Cour, tout comme les États-Unis, ce qui complique l’application de ses décisions. Cette situation met également en lumière les tensions entre souveraineté nationale et justice internationale, et soulève des questions sur l’équité et l’universalité des poursuites.
Le mandat d’arrêt contre Benjamin Netanyahu pourrait redéfinir les relations diplomatiques entre Israël et plusieurs États. En France, où les opinions publiques sur la situation au Proche-Orient sont souvent polarisées, ce développement ajoute une complexité supplémentaire aux relations bilatérales déjà tendues.