Nana, Anna Lubrano, est née en 1929 dans le quartier du Panier, au cœur de Marseille. Fille d’immigrés italiens, elle a grandi dans une famille modeste où le poisson était une histoire de famille. À l’âge de 10 ans, elle commence à vendre les prises de son père, un chalutier local, sur le Vieux-Port.
Pendant plus de 75 ans, Nana a tenu son étal sur le quai de la Fraternité, contribuant à l’identité du marché aux poissons.
Je suis l’antiquité du Vieux-Port, profite ma gâtée !
Ses journées débutaient à 3 h du matin, un rythme qui lui a permis de traverser les époques, les transformations de la ville et même la Seconde Guerre mondiale.
Une icône marseillaise
La voix de Nana résonnait bien au-delà du marché. Certains affirmaient qu’on pouvait l’entendre jusqu’à Notre-Dame-de-la-Garde. Sa gouaille et son accent typique ont marqué des générations de Marseillais. Ses répliques, souvent teintées d’humour et de sagesse populaire, ont fait d’elle une figure incontournable des reportages sur Marseille.
Les réactions à l’annonce de son décès ont afflué sur les réseaux sociaux. Benoît Payan, maire de Marseille, a salué « une figure emblématique de notre ville » et Martine Vassal, présidente de la Métropole Aix-Marseille, a déclaré : « Marseille perd une icône. »
Pour sa fille Marilou, Nana était « une maman aimante et protectrice », toujours attentive à ses enfants malgré un emploi du temps chargé. Elle préparait des plats traditionnels marseillais aux aurores avant de partir travailler. Nana a traversé des épreuves difficiles, notamment la disparition de son époux en 2012, mais elle s’est toujours relevée grâce à sa passion pour son métier.
Même lorsqu’elle a dû arrêter de vendre du poisson, Nana continuait à se rendre sur le marché pour vendre des « yeux de Sainte-Lucie ». « De son lit, elle voyait Notre-Dame-de-la-Garde et le Vieux-Port. C’est tout ce qui la rendait heureuse, » confie Marilou.
Jusqu’à 2023, Nana assurait encore le spectacle chaque matin, vêtue de sa blouse fleurie. Elle connaissait tout du poisson et partageait son savoir avec une énergie communicative. « C’était notre maman, mais aussi celle de tous les Marseillais, » explique sa fille, émue par l’attachement profond que les habitants portaient à sa mère.
Bien que Nana ait quitté son étal il y a un peu plus d’un an, son absence se fera sentir sur le Vieux-Port. Son nom restera gravé dans la mémoire collective marseillaise comme celui d’une femme forte, fière de ses racines et de son métier.