La cour criminelle du Vaucluse a poursuivi cette semaine l’examen d’une affaire qui suscite à la fois horreur et incompréhension. Nicolas F., journaliste indépendant et ancien président de la « Jeune Chambre Économique du Grand Avignon », est accusé de viol aggravé et de détention d’images à caractère pédopornographique. Ce procès met en lumière une série de faits glaçants, impliquant également d’autres coaccusés, dont Dominique Pelicot, présenté comme une figure centrale de cette affaire.
Il y a dans le dossier, un mail datant de 2010 où vous dites à une femme que vous n’avez jamais passé le cap en matière de zoophilie, décrit Me Camus, avocat de la partie civile. Vous lui proposez de passer à l’acte avec son chien, qu’elle dit “soulager régulièrement”.
Un accusé à la double image
Âgé de 43 ans, Nicolas F. était perçu comme un homme ordinaire, inséré dans la société, connu pour ses activités professionnelles et associatives. Correspondant de presse pour des médias locaux et ancien employé de la mairie d’Avignon, il avait l’image d’un citoyen engagé et respecté. Pourtant, cette façade s’effondre face aux accusations portées contre lui, révélant des actes d’une gravité exceptionnelle.
Au cours des premiers jours du procès, Nicolas F. adoptait une posture discrète, se mêlant aux journalistes présents à l’entrée de la salle d’audience pour éviter les caméras. Cependant, son rôle d’accusé principal est désormais incontestable. Crâne rasé, lunettes rectangulaires, vêtu d’une chemise blanche et d’un pull bleu roi à coudières, il se présente face à la cour avec une attitude droite et défensive, prêt à répondre aux questions sur des faits qui continuent de sidérer l’opinion publique.
Des faits d’une complexité troublante
L’affaire repose sur une rencontre survenue en janvier 2018, initiée par un échange sur le forum « Coco », une plateforme en ligne destinée à des recherches de partenaires sexuels. Selon Nicolas F., c’est Dominique Pelicot qui l’a contacté, lui proposant une expérience entre hommes, à laquelle il aurait consenti dans un cadre qu’il croyait légal. Les deux hommes se sont rencontrés le 15 janvier au domicile de Pelicot.
Dominique Pelicot aurait alors précisé que son épouse, Gisèle P., serait présente mais endormie, sous l’effet de médicaments destinés à traiter ses troubles du sommeil. Une fois sur place, Nicolas F. aurait accepté des rapports consentis avec Pelicot avant que ce dernier ne l’invite à se rendre dans la chambre où gisait sa femme. Nicolas F. affirme qu’à ce moment :
Une lumière rouge s’est allumée, mais trop tard
Cependant, il nie avoir participé à des actes non consensuels envers Gisèle P.
Devant la cour, Nicolas F. insiste sur le fait qu’il n’avait pas connaissance des intentions de Pelicot envers son épouse. Il se présente comme une victime manipulée, évoquant une phase personnelle de « découverte de ses limites sexuelles », qu’il assure avoir toujours encadrée dans le respect de la loi. Cette ligne de défense est cependant remise en question par les déclarations de Dominique Pelicot et les preuves accablantes découvertes au cours de l’enquête.
Dominique Pelicot, pour sa part, rejette toute responsabilité et affirme que Nicolas F. connaissait les circonstances de la rencontre. Selon lui, ce dernier était pleinement informé et avait accepté les conditions. Ces déclarations contradictoires compliquent davantage une affaire déjà marquée par un enchaînement de comportements prédateurs et manipulateurs.
L’affaire ne se limite pas à Nicolas F. et Dominique Pelicot. Cinquante coaccusés ont également été convoqués pour répondre de leurs propres actes dans le cadre de ce procès tentaculaire. Ces individus, initialement dispensés d’audience après l’examen de leur cas, ont été rappelés pour le dernier mois des débats. Leur présence souligne l’ampleur des agissements qui ont marqué cette affaire, où la notion de consentement semble avoir été systématiquement bafouée.
Les révélations de l’enquête
Les investigations menées ont mis en lumière des éléments accablants. Outre les accusations de viol aggravé, des images à caractère pédopornographique ont été retrouvées sur les appareils de Nicolas F., corroborant les charges retenues contre lui. Ces découvertes renforcent l’idée d’un comportement calculateur, dissimulé sous une apparence respectable.
Les experts interrogés décrivent Nicolas F. comme un individu complexe, maîtrisant l’art de la manipulation. Son profil de « Monsieur Tout-le-monde » contribue à brouiller les pistes, rendant ses actes d’autant plus difficiles à comprendre pour ceux qui l’ont côtoyé.