Le célèbre défenseur des océans, Paul Watson, fondateur de Sea Shepherd, est actuellement maintenu en détention au Groenland. Le tribunal de Nuuk a décidé de prolonger sa détention jusqu’au 13 novembre 2024. Cette décision fait suite à une demande d’extradition du Japon, qui accuse Paul Watson de plusieurs infractions liées à ses actions en faveur de la protection des baleines.
La demande d’extradition du Japon
Le Japon a relancé une demande d’extradition contre Paul Watson, arguant que celui-ci aurait été impliqué dans des incidents survenus lors d’une campagne de harcèlement de baleiniers japonais en 2010. À l’époque, Sea Shepherd menait une opération dans l’océan Austral visant à perturber les activités de chasse à la baleine pratiquées par les navires japonais. Le Japon accuse Paul Watson de « vandalisme », « atteinte à l’intégrité physique » et « obstruction au commerce ».
La demande d’extradition a été formalisée dès 2012 à travers une notice rouge d’Interpol, et elle est aujourd’hui réactivée. Depuis son arrestation en juillet 2024 au Groenland, Paul Watson attend la décision des autorités danoises sur son extradition.
Des conditions de détention difficiles
Depuis son arrestation, Paul Watson est incarcéré dans une prison de Nuuk, la capitale du Groenland. Selon son équipe juridique, ses conditions de détention se sont durcies ces dernières semaines. Lamya Essemlali, présidente de Sea Shepherd France et proche de Paul Watson, a indiqué qu’il avait été privé de tout contact régulier avec l’extérieur, ne disposant plus que de dix minutes de téléphone par semaine pour parler avec sa femme.
L’équipe de défense de Paul Watson, composée d’avocats internationaux, conteste vivement cette décision de prolongation de détention. Ils estiment que les accusations portées par le Japon sont basées sur des informations fallacieuses et réclament que des preuves vidéo, filmées par la chaîne Discovery, soient prises en compte dans le dossier. Cependant, leur demande a été refusée jusqu’à présent par le tribunal groenlandais.
Un soutien international grandissant
Malgré les accusations portées contre lui, Paul Watson bénéficie d’un large soutien international. Une pétition en ligne demandant sa libération a déjà recueilli 100 000 signatures. De plus, des personnalités du monde politique et artistique se mobilisent en sa faveur. En France, Emmanuel Macron a été sollicité pour accorder l’asile politique à l’activiste, une démarche appuyée par des élus et des parlementaires socialistes.
Dans une lettre envoyée au président français, Paul Watson exprime son souhait de voir la France rester sa « maison » et rappelle son admiration pour des figures emblématiques comme Jules Verne et Jacques-Yves Cousteau. Il y mentionne également son engagement à poursuivre son combat pour la protection des océans, même depuis sa cellule.
La position du ministère de la Justice danois
La décision d’extrader ou non Paul Watson repose désormais sur le ministère danois de la Justice. Actuellement, l’affaire est toujours en examen, et le ministère n’a pas fourni de calendrier précis concernant la date de cette décision. Selon l’un des avocats de Paul Watson, Julie Stage, le processus est extrêmement lent, ce qui contribue à prolonger indéfiniment la détention du militant écologiste.
Le procureur général du Groenland a récemment reçu les résultats de l’enquête menée par la police locale et devrait bientôt formuler ses recommandations au ministre de la Justice du Danemark. Ce dernier devra ensuite statuer sur la demande d’extradition japonaise.
La situation de Paul Watson met en lumière les tensions entre les activistes environnementaux et les autorités gouvernementales. Le Japon, qui continue à pratiquer la chasse à la baleine malgré les critiques internationales, voit en Paul Watson une figure symbolique de l’opposition à ces pratiques. Pour ses partisans, une extradition vers le Japon serait synonyme de représailles politiques et mettrait en danger sa sécurité.
Alors que l’Europe se pose en défenseur des droits des militants écologistes, l’affaire de Paul Watson pourrait bien devenir un cas emblématique du traitement réservé à ceux qui s’opposent aux crimes environnementaux.